« Où sont les Beeeeeeeeeeeeeelges ??? »

Nous vous avions quitté à Rennes, le 1er Août, hébergés en warmshower par les adorables Joël et Irène. Un très bon week-end et une belle rencontre.

Le dimanche matin du 2 août, nous devons prendre le TGV à 10H59 à la gare de Rennes, en direction de Lille. Vu qu’on joue (un tout petit peu) de malchance et qu’Acigné est à 15 km environ de Rennes, je flippe grave qu’il nous arrive une galère sur le trajet et qu’on loupe le train. Ça, additionné à mon stress des transports, je suis sur le pont 15 minutes avant le réveil et on se presse à partir. Joël nous accompagne jusqu’à l’entrée de Rennes, en nous faisant passer par de belles petites routes, ce qui me détend bien 🙂 Arrivés à la gare avec 45 minutes d’avance, nous poireautons car le quai n’est annoncé que 20 minutes avant le départ…

A l’annonce de la voie, c’est le début de l’anarchie ! A Rennes, les quais sont tous en contrebas du hall de la gare, et il n’y a qu’un ascenceur, trop petit pour nos vélos. Nous sommes en plus 4 vélos à le convoiter, et plusieurs passagers avec grosses valises qui ne trouvent pas facile de prendre l’escalator, les pauvres, grrr… C’est donc la guerre pour accéder au fameux ascenseur, et, galvanisée par mon stress des transports, je passe en mode « Xéna la guerrière». Résultat, je suis la première à passer mon vélo à la verticale dans l’ascenceur. Benoit, moins hystérique, prendra l’escalator avec son vélo, un peu exaspéré tout de même… Et c’est là que la crise atteint son paroxisme. Ce que la SNCF appelle « wagon vélo » est en fait un tout petit carré dans un wagon qu’on atteint après une manœuvre dans le sas d’entrée du wagon… Déjà c’est compliqué de manoeuvrer un vélo couché dans cet espace. Et en l’occurence, je trouve le fameux carré rempli de valises quand je suis la première (la guerrière je vous dit) à entrer dans le fameux cagibi pour vélos !!! Les noms d’oiseaux fusent, d’autant que j’entends les autres voyageurs avec vélo s’inquiéter du départ qui approche. Je commence à réorganiser les bagages pour laisser place aux vélos, toujours en pestant, quand une dame blonde très douce accompagnée d’adolescents aux petites gueules d’ange vient m’interrompre en me disant que ce sont leurs bagages, qu’ils peuvent les pousser, qu’ils ne savaient pas que c’était pour les vélos, qu’ils sont désolés… et qu’il faut dire que mon vélo n’est pas pratique… Je pense que mon faciès lui a fait comprendre que c’était la phrase de trop, car la charmante dame a ensuite tempéré et est retournée s’assoir en s’excusant mille fois. Du coup, en vraie Xéna, je rassemble les bagages, et je charge tous les vélos les sur les crochets. Je file à ma place, encore fumante, au milieu de la charmante colonie de vacances que j’insultais vertement 5 minutes avant. A l’arrivée, les jeunes de la colonie paroissiale aux gueules d’anges, accueillis sur le quai par des bonnes sœurs, m’aideront spontanément à sortir mon vélo du train, en se salissant à cause ma chaine trop huilée. J’ai de plus en plus honte…

A Lille, nous faisons nos derniers achats en France (médicaments etc.) et nous flânons dans le vieux Lille. La ville est assez vide pendant les vacances d’été, mais très agréable. Le vieux Lille est charmant et nous plait. Et un stéréotype se confirme : les gens du nord sont globalement très gentils. A l’auberge, dans la rue, dans les commerces… les gens se sont toujours tenus prêts à nous rendre service. On se sent bien à Lille.

Le 03 Août, on prend la route vers Anvers. La sortie de Lille nous offre une autre vision de la région. Le caractère industriel est bien présent, On voit des friches, des bâtiments délabrés ou à l’abandon, et une proportion non négligeable de personnes buvant de la bière près du canal, seuls ou à deux . Ça ne ressemble en rien à l’apéro des vacances. C’est triste. On se sent vraiment privilégiés.

On attendait un panneau qui indique la sortie de la France pour faire une super photo symbolique de notre départ, mais en fait, la transition entre France et Belgique est totalement invisible quand on suit la piste cyclable le long du canal de Roubaix. Et quelque part c’est tant mieux, on a tellement chanté à tue-tête « ouvrez les frontières » qu’on ne peut que se réjouir quand elles disparaissent, même si ce n’est malheureusement pas pour tout le monde. Donc on se retrouve en Belgique sans s’en rendre vraiment compte et on suit un ennuyeux canal… On repère un camping pour passer la nuit, qui, quand on y arrive après s’être écarté de 10 km de notre canal s’avère être abandonné depuis déjà deux ans. C’est surréaliste, tout est encore là mais les herbes hautes ont poussé et quelques vitres et portes de bungalows sont cassées. Des airs de villes du far west qu’on fuit précipitemment. Mais bon, finalement, ça tombe bien, on avait envie de faire notre premier bivouac du voyage. On demande de l’eau dans un bar, on se pose dans un champ, et même si l’endroit ne fait pas vraiment rêver, on se sent incroyablement libres. On dort et on mange à l’air libre, on est libres. Même les pâtes à la tomate ont un goût de liberté retrouvée !

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Le lendemain, le 04 août, on suit notre canal jusqu’à une station balnéaire belge au bord d’un lac, à Donk, de notre point de vue, sans intérêt, mais à priori très côté vu le nombre de campings et de touristes aux environs. Ras le bol du canal, qui en plus nous fait faire des détours. Le 5 août, on décide de suivre la route pour passer dans les petites villes. D’autant qu’en Belgique, il y a des pistes cyclables presque partout, même le long des nationales.

Alors, vous vous demandez peut-être pourquoi ce titre « Où sont les beeeeelges ? » Et bien jusqu’à Anvers, cet hymne nous trotte dans la tête tant les villes et villages que nous traversons semblent vides. Souvent des immenses maisons, à l’américaine (on se croirait parfois à Whisteria Lane version maisons en briques), des jardins taillés à la perfection, mais personne dans les rues, personne dans les jardins, personne aux fenêtres… ça donne aux lieux traversés des airs de villes fantôme. C’est sans doute lié au fait qu’on est en plein mois d’aout, les gens sont partis ? On chante « où sont les belges » mais quand on les rencontre, on est bien contents de les avoir trouvé tant ils sont sympathiques et prévenants. Là aussi, c’est un peu stéréotypé mais c’est vraiment ce qu’on ressent.

A l’arrivée à Anvers, nous atteignons le camping, après ma première crevaison.

Mais il est plein et la personne de l’accueil envoie tout le monde bouler… Elle s’adresse à un couple arrivé en même temps que nous en leur disant que pour les caravanes ils peuvent trouver un endroit à 15 minutes d’ici environ et se retourne vers nous, l’air faussement désolé, en disant que pour nous, ce sera plus compliqué, car il n’y a pas d’autres campings dans le coin… Elle nous invite à nous connecter au wifi gratuit pour trouver une solution, le camping est plein jusqu’à mardi. Autant bivouaquer quand il s’agit d’une nuit d’étape c’est cool, mais là on est le 05, on doit attendre au moins 5 jours le cargo, on ne va pas plier et déplier tous les jours en tournant autour d’Anvers. Et un hôtel ou une auberge, pendant 5 jours, c’est hors budget. On a envie de profiter de ce temps, et on a aussi des derniers préparatifs à finaliser… On réfléchit, et on élabore une stratégie pour que Benoit insiste auprès de la nana, en faisant son regard de Chat-Potté, quand elle s’éloignera de tous les autres voyageurs éconduits. Bingo, elle nous accepte et nous dit de nous installer sur la frontière de 5 emplacements à la fois, au milieu des tentes, camping-car et caravanes. C’est pas l’environnement de ouf, mais on est tranquilles. On passera donc les 5 prochains jours à découvrir le coin. Et pour cela, nous mettons nos vélos au repos, et privilégions les vélos en libre-service (type Vélib) ce qui m’amène à vous raconter…

LA MINUTE PIGEONS (= quand on est con, on est con… )

En arrivant sur Anvers, on a vu plusieurs bornes de vélos en libre service. On n’a pas réfléchit longtemps avant de se dire que c’était plus sage et pratique de les utiliser pour visiter et de laisser nos vélos au camping, sous bâche, bien attachés. Je regarde sur internet, c’est très simple, il faut s’enregistrer en ligne, on obtient un identifiant, et pour 9€ la semaine, maximum 4h par vélo, on a de quoi se déplacer. Magnifique ! On se lance direct, Benoit fait la démarche sur internet et on est admiratif devant la manière dont la Belgique favorise le recours au vélo : 4h pour des vélos en libre service, c’est du jamais vu. Partout ailleurs, c’est 30 minutes gratuites, puis on paye au prorata du temps utilisé. C’est le paradis du vélo ici ! On s’en donne donc à coeur joie avec nos petits vélos. Ce sont des « mini-vélos » avec deux roues de 20 pouces, comme les pliables. C’est génial pour découvrir la ville, surtout que tout est fait pour les vélos, tout le monde est à vélo. Quand on trouve une borne on les pose, quand on n’en voit pas, on les garde avec nous. Par exemple, on les laisse nous attendre deux heures à la sortie de la plage éphémère d’Anvers pendant notre apéro, on les attache devant le magasin pendant nos courses… En veillant toutefois à ne jamais dépasser les 4 h. Et dimanche soir, alors qu’on fait la queue pour retirer un précieux vélo, on prend enfin le temps de lire les informations au dos de la borne… Ah bon, 4h, c’est bien le maximum, mais ce n’est pas le temps gratuit d’utilisation. A Anvers, comme ailleurs, les 30 premières minutes sont gratuites, puis on paye 50 cts pour la demi-heure suivante, et jusqu’à 5€ par heure commencée au-delà de 90 minutes. Oups, t’es sûr ? Glurps oups put… fait ch… !!!!! La nouvelle nous fait l’effet d’un coup de massue, on se sent trop bêtes, et les Anversois ont du bien rire en nous voyant pique-niquer avec nos petits vélos rouges. On ne sait pas combien la boulette nous aura coûté, car tout sera sans doute prélevé à la fin de la période d’abonnement, quand on sera loin de la belgique. Ce sera la surprise en arrivant ! En attendant, on a baissé notre niveau de vie pour compenser et on chronomètre chaque sortie vélo, pour faire la course pour arriver 20 secondes avant le temps limite à la borne 😉 Voilà une bonne leçon pour les pigeons, il faut lire les infos juqu’au bout !

Sinon, ce qu’on a aimé pendant notre séjour en Belgique

  • La gentillesse des gens, qui viennent nous aider dès qu’on sort la carte, qui font toujours l’effort de trouver une langue pour se faire comprendre et de déchiffrer ce que l’on dit.

  • La découverte d’Anvers, qu’on ne connaissait pas du tout. C’est une très belle ville, avec beaucoup de vie, beaucoup d’animations. Ça bouge tout le temps, il y a plusieurs évènements en même temps tout le temps, et pas des moindres. Quand on est arrivé, c’était la Gay Pride, il y avait en plus un festival rock, et on entendait au loin, vers les docks, une soirée électro qui n’avait pas l’air d’être une petite fête entre amis… Il y a toujours du monde dans les rues, des bars et restaurants originaux, plein de bonnes bières et d’endroits à découvrir.

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  • La visite du MAS à Antwerpen, avec une nuance sur le fait que pour l’expo permanente, toutes explications sont en néerlandais, et il faut un smartphone connecté pour déchiffrer les QR code et avoir les explications en français. Frustrant quand on n’a plus qu’un petit nokia à clapet…

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  • Le tunnel Sint Anna, réservé aux piétons et cyclistes, à Anvers : 576m de long à 31m de profondeur pour passer de la rive gauche au centre ville. Le tunnel est extrêmement propre et respecté par les habitants.

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  • La gare d’Anvers, une architecture fabuleuse, digne des gares de contes fantastiques.

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  • L’ambiance détendue et festive, les styles très différents : de la plage reconstituée baba-cool à l’entrée du port, entourée par des roulottes et des cirques, au bar hyper branché dans un vieux docks face au fleuve…

  • La courte découverte de Bruxelles, en flânant dans les rues.

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  • Malgré la boulette, découvrir la ville à vélo !

  • Les pistes cyclables partout, et la priorité donnée aux vélos !

  • Les bières belges +++

Ce qu’on a moins aimé…

  • Ne pas connaître et retenir de mots néerlandais pour faire aussi l’effort de se faire comprendre et répondre à nos interlocuteurs dans leur langue.

  • Le camping d’Anvers, qui surfe sur son monopole et le fait qu’il soit vraiment bien placé pour offrir des prestations médiocres…

Voilà, dernier message avant trois semaines de silence… ce soir, on embarque !

PS : je n’ai pas eu le temps, pour le moment, d’apprendre à me servir de mon logiciel de retouche photos. Elles sont donc « telles quelles ». J’aurai tout le temps du cargo pour ça et à partir du Pérou, on publiera des galeries Picasa !

Bon mois d’août à tous !

15 réponses à “« Où sont les Beeeeeeeeeeeeeelges ??? »

  1. Vite vite, poster un commentaire avant que vous ne vous enfermiez pour trois semaines dans un silence forcé (comme si vous entriez dans un couvent, ou un monastère, au choix, sauf que vous aurez une cabine mixte).
    Mais on n’a pas grand mérite à être les prem’s, vu que nous nous sommes pas encore repartis pédaler on qu’on a donc un accès permanent à internet.
    Donc : Après cette expérience intéressante de la Belgique, vous allez nous régaler de vos premiers tours de roue au Pérou (belle rime, n’est-ce pas ?) mais d’ici là vous aurez eu tout le temps de peaufiner un récit merveilleux de votre traversée. En espagnol, évidemment, puisque vous aurez eu le temps de le maitriser à donf.
    Bonne route, ou plutôt bonne mer !

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  2. Au top votre prose !
    Toujours aussi marrant de vous lire, et l’annonce de Picasa tombe pil poil quand je me disais que c’était du gachis de pas pouvoir regarder les photos des diapos en grand.
    Je vois que la prise de gras continue de se faire, c’est bien 😀
    Ca fait toujours autant envie, alors que pour le moment c’est pas si dépaysant que ça, la suite risque d’envoyer du rêve.
    A défaut d’avoir un G.I. Joe à trimballer, vous avez une petite peluche, sympa 🙂
    Gros bisous à vous et sympa vos dédicaces 😀

    P.S. Benoit, je sais c’est tentant, le grand large, le « personne ne t’entendra crier », mais elle peut encore être utile Alice, au moins jusqu’en Argentine 😉

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    • Merci merci ! Voilà, les photos sont visibles sur picasa en cliquant sur les diaporamas de la nouvelle page « photos » du blog. Quand à mon assassinat, l’équipage ne l’aurait jamais laissé faire une chose pareille, c’est lui qui serait passé par dessus bord !

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  3. Merci de nous faire vivre cette étape entre Rennes et Anvers !
    L’aventure des vélos nous a bien fait rire…..
    Bonne traversée et nous attendons la suite avec impatience !

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  4. Le talent littéraire pour narrer le voyage se confirme. La résistance aux galères et autres surprises de voyage se confirme aussi. Un peu de repos vous fera du bien. Mais ….. vivement la suite
    christian

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