Nouveau départ ! Turkish Power !

Un retour en France pour recharger les batteries, partager et réparer !

Avant de commencer le récit de nos premiers jours en Turquie, petit (et rapide, promis!) retour en arrière sur les 3 semaines passées en France.

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Si elles ont été l’occasion de refaire le plein de nos familles et amis (malheureusement trop court pour voir tout le monde, notamment dans l’ouest…) ces semaines de « vacances » ont aussi été très actives !

Rencontre avec les élèves du collège du Stockfeld à Strasbourg

Nous avons rencontré, le dernier jour des classes, les élèves de 6e7, 4e7 et 6e3 du collège du Stockfeld avec lesquels nous échangions depuis quelques mois. En effet, nous avions répondu à une demande, sur un forum de voyage-nature, de leur enseignant, Julien Stehly, un prof super dynamique et engagé comme on en rêverait tous pour nos (futurs) enfants et petit à petit, une correspondance avec ces 3 classes c’était mise en place. Ce fut un vrai plaisir de les rencontrer, de mettre des visages sur des noms, de répondre à leurs très nombreuses questions, de découvrir l’atelier de réparation de vélo mis en place par les 4e7 (chapeau!). Nous avons été impressionnés par la qualité de leurs questions, de leurs savoirs et par leur attention ! Une très belle journée !

Et des vélos tout neufs !

N’ayant pas la possibilité d’aller avec nos vélos jusque dans l’ouest, pour les faire réviser par Philippe de Vélofasto (Acigné) avec qui est toujours de bon conseil et nous a bien aidé, nous avons sollicité Lukas Hilbert, de la boutique Lulu Cycles à Colmar pour qu’il nous aide à redonner un coup de neuf à nos deux vélos un peu meurtris par les pistes sud-américaines. Globalement tout de même, on peut dire que les vélos et les composants avaient bien tenu le choc et auraient pu faire encore pas mal de bornes. Mais mieux vaut prévenir que guérir, encore plus quand on s’apprête à aller là où les soins seront difficiles ! Nous avons donc décidé de changer tout ce qui était un peu usé. Et Lulucycles a été parfait pour nous conseiller, commander certaines pièces, et surtout, faire les réparations tout en prenant le temps de les expliquer patiemment à Benoit qui du coup à pu progresser un peu plus en mécanique vélo. Au delà de la mécanique, on a rencontré une famille super dynamique, des gens bien sympathiques et on a passé un excellent moment dans la boutique ! On ne peut que conseiller aux colmariens à vélo d’y faire un saut. Merci Lulucycles, et à bientôt !

On tient aussi à remercier toute l’équipe d’Azub qui nous a envoyé gracieusement de nouvelles jantes pour remplacer celles abimées, une nouvelle chaine pour remplacer la chaine pourrie de Benoit et des appuis-têtes enfin réglables et confortables pour remplacer les vieux machins déchirés qu’on se trainait depuis 3 ans… C’est agréable de pouvoir compter sur le constructeur de nos vélos quand on en a besoin, et Azub a toujours répondu présent pour nous conseiller et proposer un SAV impeccable.

Donc voilà, après trois semaines, le coeur bien rempli de toutes ses retrouvailles toujours trop courtes et pas assez nombreuses, les vélos rutilants comme au premier jour, on était enfin prêts à monter dans l’avion, en direction d’Izmir, en Turquie, pour reprendre le fil du voyage.

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En Turquie, la chaleur n’est pas que dans l’air… 

Un nouveau départ c’est toujours un départ. On se surprend à se sentir aussi stressés et déchirés par les au-revoir qu’en juillet dernier.

Nous avons trouvé en dernière minute des billets low-cost pour Izmir et contacté Mehmet sur warmshower, qui accepte de nous héberger et nous propose même de venir nous chercher à l’aéroport où nous atterrissons à 23h50. On ne peut pas refuser, on était bien embêté à cette heure là avec nos gros cartons. Lors de nos échanges précédant l’arrivée, il nous avait dit « je viendrai avec le van de mon oncle, vous ne pourrez pas me louper à la sortie de l’aéroport ». Ok !

Et en effet, on ne pouvait pas louper Mehmet et son oncle, car le van est en fait un camping car ! Quelques acrobaties sont nécessaires pour faire passer les gros cartons par la petite porte mais nous voilà vite arrivés chez Mehmet et Gamze qui habitent dans une jolie petite résidence à Gaziemir, au nord d’Izmir. Ils se plient en quatre pour qu’on se sente à l’aise et déjà nous ressentons la chaleur de l’accueil turque au milieu de la chaleur ambiante. Oui, parce qu’après plusieurs mois en Patagonie et un retour en France arrosé par la pluie, on se retrouve tout d’un coup propulsés en plein été ! C’est tout le côté déstabilisant des voyages en avion…

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Au petit déjeuner, Gamze nous a préparé un Khavali, un buffet de petit déjeuner, avec du Thé Turc, du miel, du fromage frais, des concombres, poivrons et tomates, du fromage blanc, du pain au sésame… Un délice ! Ensuite, nos hôtes nous emmènent découvrir la ville en voiture et à pieds.

Izmir est en train de se parer de ses plus beaux habits pour accueillir la nouvelle saison touristique, mais pour le moment, ses bords de mers sont occupés par de jeunes et plus anciens fan de pêche, ses pelouses par des jeunes qui se détendent au plus chaud de l’après-midi, ses pistes cyclables sont largement fréquentées par les vélos. On sent une douce non-chalence en ce premier dimanche turque qui prend pour nous un véritable air de vacances.

Un saut au musée d’Ataturk, que Gamze et Mehmet nous disent adorer « comme tous les turcs, sauf le gouvernement actuel qui le déteste ». Nous comprendrons plus tard que la situation est plus nuancée, mais il est vrai que des grands drapeaux à l’effigie de l’ancien président flottent un peu partout aux côtés du drapeau turc… On aura même l’occasion, dans les jours suivant, de découvrir les « goodies » Ataturk, notamment un superbe déodorant de voiture 🙂 C’est surprenant cette ferveur pour nous, c’est un peu comme-ci on voyait Mitterand ou De Gaulles à toutes les sauces dans nos rues et nos boutiques. Il a une valeur symbolique très forte ici. C’est le fondateur de la Turquie d’aujourd’hui en quelque sorte, un repère, on nous parlera de « ligne rouge ». Et face au gouvernement actuel c’est un étendard de résistance. 

Nous restons un jour de plus que prévu à Gaziemir car nos vélos se montrent récalcitrants au réassemblage et Benoit y passe beaucoup plus de temps que prévu. Le démontage-remontage à le don de dérégler tout ce qui était bien réglé. Nous décidons donc de reprendre la route mardi matin, à la première heure, pour éviter la chaleur…

Bon, il faut bien commencer à pédaler un jour… 

Et évidemment, on se loupe ! Chez Mehmet et Gamze nous dormons dans des chambres séparées car ils n’ont pas de place pour un lit double. Donc Benoit dort dans le bureau, et moi dans la chambre de leur fille, Derin. La veille au soir, j’ai oublié de valider l’alarme du téléphone qui du coup n’a jamais sonnée, et Ben de son côté a éteint son téléphone dès la première sonnerie, comme d’habitude. On démarre donc à 11h du matin en plein cagnard ! Et rapidement, on se rend compte que des réglages restent à fignoler sur nos vélos ce qui nous vaut quelques pauses à l’ombre en pleine rue ou au bord d’un rond-point. Comme on essaye d’éviter les grands axes de cette ville tentaculaire, on se retrouve dans les petites rues de petits quartiers, à grimper des rues pentues pour mieux les redescendre. Une fois n’est pas coutume, grâce au GPS on se « perd » dans ces petites rues sans stress car on sait qu’on est dans le bon cap pour sortir de la ville. Nous longeons ensuite la côte, d’abord sur une piste cyclable, puis sur une large route très passante. Cette route côtière à tout de la « route des vacances » : bord de mer, cocotiers, remblais piéton, restaurants et hôtels à gogo. Les pelouses sont arrosées à fond et les parkings en cours de nettoyage, la saison touristique va commencer ! On dégotte un camping ouvert pour finir tôt la journée et fignoler les réglages de nos dérailleurs.

Au camping, nous ne sommes pas nombreux, mais comme souvent dans les campings, il y a un gros lourd. Le lourd possède un van dernier cri, tout aménagé, devant lequel il a disposé, bien évidemment, une parabole ! Et un petit salon de jardin avec trois chaises, ce qui lui permet d’inviter des gens, ce qui est plutôt sympa au demeurant. Oui mais voilà, il est lourd… Il essaye très rapidement de rentrer en contact avec nous et comme Ben est à la mécanique, c’est moi qui suit en première ligne. Quand je lui raconte d’où on vient, il est tout excité « it’sssss amaaaaaazinnnnng ! » « connnngraaaatulationnnnnssss ! » et n’arrête pas de faire comme si il ne me croyait pas, de manière tout à fait théâtrale. Lui aussi voyage depuis 8 mois, depuis l’Allemagne, avec son fourgon. Il compte aller jusqu’au Maroc. Quand nos « voisins » de camping rentrent de leur petite balade du soir, il leur saute dessus, en entrant presque de force dans leur caravane pour leur expliquer d’où l’on vient… Je crois que nos voisins sont aussi embarrassés que nous par cette situation, et ils finissent par s’enfermer avant la tombée de la nuit à double tour dans leur caravane. Le lourd se retrouvant de nouveau seul, il vient nous proposer une boisson, puis 10 minutes plus tard, s’enquérir de savoir si on a réussi à régler nos problèmes mécaniques. Et c’est là qu’il dérape complètement… Il nous demande si on a besoin d’aide, car il s’y connaît un peu en mécanique. Il nous conseille d’éviter de demander de l’aide à un mécanicien Turc « parce qu’ils sont très gentils, mais, vous comprenez, ils sont pas très doués en tout ce qui est technologies, maths, vous comprenez ? » « Euh, non, on comprend pas » « euh, mais si, comme en amérique du sud je pense, vous voyez ?!? » « euh, non, on voit vraiment pas ! ». Le lourd s’en va vexé et se sera notre dernière discussion. On se demande vraiment quel plaisir ces gens bardés de préjugés nauséabonds ont à voyager hors de chez eux ! Beurk…

Grande promotion : une décision foireuse prise, une offerte !

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Sympa cette fin de route…

Heureusement, Mehmet notre ange gardien nous a donné l’adresse d’un café vélo à Güzelbahçe à quelques kilomètres de notre camping à et nous nous y rendons en fin de matinée. En deux temps et un mouvement, Sungur règle à la perfection le dérailleur récalcitrant de Benoit. On en profite pour partager un çai (le thé Turque) avec Deniz qui nous parle du café-vélo. C’est un lieu de convivialité, où on vient partager un moment de détente et faire réparer son vélo. Ils organisent aussi plein d’évènements autour du vélos. Le café est vraiment cosy avec plein de récup de composants de vélo pour faire des déco. Deniz est super sympa et parle très bien le français. Elle nous invite à dormir chez eux mais malheureusement, nous n’en auront pas l’occasion à cause de nos mauvaises décisions du jour… Pour en savoir plus sur ce beau projet, c’est ici : https://www.facebook.com/profile.php?id=100001867473774&fref=ts

Tout commence quand Deniz nous dit qu’un groupe de plus de 100 cyclo-touristes se lance dès demain dans une boucle de Cesme jusqu’à Ephèse, à peu près l’itinéraire qu’on voudrait suivre mais avec du coup un jour de décalage. Elle nous dit que ça pourrait être sympa de rejoindre le groupe et nous met en contact avec l’organisateur. On le contacte par Whatsapp, pour savoir si on peut rejoindre le groupe. Comme sa réponse tarde à arriver, que la journée avance, et que pour rallier le point de départ nous avons 50 km à parcourir, on décide de se lancer. C’est à l’inverse de ce qu’on avait prévu pour notre étape du jour. Bon, c’est déjà pas très malin, car il est 13h et le soleil cogne. On se tape en plus un bon vent de face et la route est très désagréable, une 4 voies passantes aux allures d’autoroute. Comme on a pas pris le temps de manger, on s’arrête dans une station service pour déguster notre petite salade à la grecque et en même temps profiter du Wifi pour voir si on a une réponse. Et bien on en a une, et elle est négative ! Tout est réservé, le groupe est au maximum (125 cyclistes) ils n’arriveront pas à nous inclure au dernier moment mais nous on invitent à les retrouver à Ephèse pour le dernier jour. On comprend très bien, mais maintenant on ne sait plus trop quoi faire :

– soit on retourne sur nos pas et vu l’heure qu’il est, on renonce à notre objectif initial pour retourner au camping de départ et retrouver le gros lourd.

– soit on reprend notre objectif initial en empruntant une route qui traverse la montagne, tout en ayant aucune idée du dénivelé et du temps nécessaire.

– soit on continue un peu, avec pour objectif un camping en bord de mer et on ralliera notre objectif initial demain, en empruntant une route qui traverse la montagne.

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On croise pas mal de bergers qui suivent (et conduisent) moutons et chèvres à travers champs

Comme on se sent pas d’aller tout de suite dans la montagne, et qu’on vivrait comme un échec et une punition terrible une deuxième nuit aux côtés du gros lourd, on choisit la 3e solution. Après 10 km supplémentaires sur la 4 voies, on sort enfin pour emprunter une route de bord de mer qui serpente entre de petits villages. C’est assez chouette. Mais la plupart des maisons doivent êtres des résidences de vacances et elles sont fermées. De mauvais augure pour notre plan camping… Et en effet, après 10 km de petite route, on constate que le camping est tout ce qu’il y a de plus fermé, avec chaines, gros chien, et biquettes. On rebrousse chemin en direction du village le plus proche. Une dame nous parle turc à toute vitesse, en nous faisant parfois des signes de « dodo », et passe des coups de téléphone. On s’imagine donc qu’elle cherche une solution pour nous. Elle téléphone, revient nous voir en parlant à toute vitesse et repart téléphoner. A chaque fois, on fait nos yeux globuleux et on dit qu’on comprend pas mais ça ne l’arrête pas, elle s’imagine sans doute qu’on va avoir un déclic et soudainement parler Turc couramment ! Au bout de 10 minutes, elle revient encore vers nous, nous dit juste « bye bye » et s’en va, comme ça ! On a vraiment rien compris ! Avec la bénédiction d’un petit jeune du coin, on va planter la tente en bord de mer, à quelques encablures du village, juste en dessous de la route. Le coin n’est pas très propre mais le cadre est joli. Par contre, le vent nous fouettera toute la nuit, on se croirait de retour en patagonie !

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Voyage à 3 et nuit à la belle étoile

Le lendemain nous repartons en sens inverse sur une 15aine de kilomètres puis empruntons une route secondaire qui nous amène jusqu’à la ville d’Urla.

On se fait interpeler par un marchand de légumes qui tient absolument à nous offrir un thé.

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Pause Cai !

On se pose 5 min avec lui et on aperçoit notre 1er cyclovoyageur. Ahmet, 27 ans, les cheveux noirs et une belle barbe qui me fait concurrence. Il nous propose de continuer la route ensemble jusqu’à Sigacik et les ruines de la cité de Teos. En chemin, on croise 3 sympathiques retraités français remontant en sens inverse et on s’arrête pour prendre un thé dans une gigantesque pépinière où travail un ami d’Ahmet.

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On se ravitaille à Sigacik et partons en direction du camping du coin. Après une bonne montée, on arrive au camping et il est fermé, la saison n’a pas encore commencé ! 

On reprend un peu de hauteur et squattons la terrasse d’une maison abandonnée. Le panorama est agréable, nous surplombons des champs d’oliviers et la mer se trouve en arrière plan. Nous ne plantons pas la tente ce soir, protégés par un toit, nous nous endormons en plein air.

Au matin, nous n’avons que quelques centaines de mètres à parcourir pour arriver sur le site antique de Teos. L’agora et le théâtre sont rudement bien conservés mais c’est les vieux oliviers qui jonchent le bord du chemin qui attirent le plus notre attention.

On repart début d’après-midi sur les routes mais sans Ahmet qui fait un arrêt à la mosquée pour la prière du vendredi qui ne le libèrera qu’à 14h. On essaye autant que possible de sortir de l’axe principal qui est très passant et longe la côte mais ce n’est pas toujours facile. On fait face à nos premières montagnes russes turques en plein cagnard. Pour la fin de journée, on vise un camping dans un petit village en bord de mer. Tous les habitants nous disent qu’il est fermé et que la saison commence… le lendemain ! Comme on voit quand même des gens s’affairer à l’intérieur on tente notre chance et ça tombe bien, le big bosse est là et nous accorde le droit de dormir, payant bien sur !

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Deux clans : les rouquins au soleil contre les noir et blanc à l’ombre… Puisqu’on vous dit qu’un jour les roux vaincront !

Camping privatisé, employés inclus ! 

Ce camping est le plus grand que j’ai jamais vu, il peut accueillir 5000 personnes pendant la journée en été ! Le patron parle très bien français et nous apprend que le groupe de 125 cyclistes dormira ici le lendemain. On en croit pas nos yeux car niveau infrastructures, à part le marché qui vend de tout à des prix prohibitifs rien n’est prêt : pas de WC fonctionnels, pas de douches propres, et encore moins chaudes. Comme après 2 nuits en bivouac et 3 jours à rouler en plein soleil (je pense que ça vous suffit pour avoir une vague idée de l’odeur…) on a vraiment besoin d’une douche et que le soir il fait frais, il nous ouvre une douche qui possède un boitier électrique qui chauffe l’eau, mais il est en panne et on risque l’électrocution ! Un apéro en surplomb de la mer devant le coucher du soleil plus tard, l’électricien est passé et l’heure de la douche à enfin sonné ! Genis et Mehmet, les deux employés du camping qui dorment sur place nous proposent de partager le çai avec eux. On passe une très bonne soirée !

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PS : on sait que le froid est de retour dans notre beau pays, on espère donc que ces images ne sont pas trop insoutenables pour vous 😉

Appelez-le Osman !

Aujourd’hui, c’est le 23 Avril, jour des enfants, instauré par le tant adulé ou détesté, c’est selon, Ataturk. On patiente derrière un cortège d’enfants en habits traditionnels dans le premier village croisé.

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Après une longue montée qui nous fera suer à grosses gouttes, on ne résiste pas à l’envie de s’arrêter au sommet, sur un petit belvédère ou Fahrat a installé au cul de son camion un petit salon de thé sous des parasols. Il a aussi tout dans son coffre pour préparer des kebabs à midi. Comme presque tous les Sud Américains et presque tous les Turcs rencontré jusqu’ici, il n’arrive pas à prononcer le prénom « Benoit ». Au lieu de s’embêter comme tout le monde à tenter des Benvit, Beno, Bruno, Binoua, il décide que nous serons maintenant, tout simplement, Osman et Aylin ! A peine 10 minutes après nous, on retrouve Ahmet qui parvient à son tour au sommet.Si on le retrouve ici, c’est qu’il a finalement renoncé à son objectif d’hier, en préférant faire une sieste avant de reprendre la route en fin de journée. On continue donc notre route ensemble !

Arrivés à proximité de Selçuk on décide de faire le détour par la plage pour y passer l’après-midi. Dernière occasion de se baigner dans la mer Egée : je tremperai juste les jambes et Benoit s’y jettera complètement, c’est le monde à l’envers! A ma décharge, la mer est à cet endroit extrêmement sale et puante, et au moment de m’y jetter, j’ai croisé la navigation de 3 belles crottes ce qui m’a ôté toute envie…

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C’était pourtant très joli

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Plage privée pour chiens

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On se retourne et on constate que derrière nous, des dizaines de cerfs-volants volent au vent ! C’est très joli !

Le Turc Italien, un croisement du tonnerre !

En fin de journée, on retrouve à Selçuk Orno, un contact d’Ahmet, qui nous dit qu’on peut camper si on le souhaite sur les abords de la place centrale. Comme ça, en plein centre-ville ! Je ne suis pas chaude du tout, et du coup, il nous accompagne au camping du coin. Et c’est là que le sketche commence…

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Dès les 1ers échanges de mots entre Orno et le gérant du camping, on sent que la situation est en train de partir en vrille et que les esprits s’échauffent. Le gérant du camping aurait dit à Orno cette semaine que le prix était de 15TL par personne pour les campeurs, et aujourd’hui il en demande 20. Orno n’est pas d’accord et négocie pour nous. Au bout d’un moment, le gérant du camping, un bellâtre assez âgé, à l’allure élancée, aux cheveux parfaitement gominés, à la peau cacahuète et aux traits du visage figés arrête de parler à Orno, se tourne vers nous et nous demande sèchement quelle langue on parle : on luit dit français – Anglais et il nous répond qu’il est Italien et qu’il va donc nous expliquer en Italien. Comme c’est une langue latine on comprendra selon lui. Bon… Et il commence à nous crier dessus en Italien pour justifier de son prix ! On comprend des bribes de phrases, le mec n’en démord pas, et on remercie Orno en lui disant de laisser tomber. Au moment de payer, nôtre mafioso a retrouvé son sourire et continue de nous parler Italien mais avec son accent le plus chantant et roucoulant cette fois. Il nous fait un monologue sur sa vie, ses 8 diplômes (ou 8 boulots ?), nous présente ses deux cartes d’identité, l’Italienne et la Turque, nous montre la liste des prix de 2010 pour nous expliquer combien, même avec 20 TL par personne, il nous fait un prix d’ami en 2016…

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Un peu de pub…

Au fond de nous on rigole bien. On est soudainement replongé 2 ans auparavant, quand on avait traversé le nord de l’Italie à vélo, quand les italiens vous baratinaient et nous faisaient passer la pillule avec un sourire aussi large qu’est douce la mélodie de leurs intonations. « C’est toujours plus agréable de se faire … (ndlr : chacun trouvera le terme qu’il juge approprié) en douceur » concluera sobrement Benoit ! Et là pour le coup, on s’est vraiment fait … (reprenez votre terme précédent) dans les règles : pas d’eau dans les douches, pas de cuisine fonctionnelle, des odeurs d’égout dans les toilettes et des papiers moisis dans les poubelles, des chasses d’eaux qui ne marchent pas, des éviers pour laver le linge plus sales que le sol, personne qui ne nous dit bonjour… Le jour de nôtre départ, quand l’italien nous demande comment c’était, on lui dit qu’on est pas satisfait car c’est vraiment sale, on aurait jamais vu ça en France ou en Italie. Ça le met dans une rage folle, il tourne les talons sans nous répondre ni s’excuser, et rentre dans une pièce d’où il jette tout ce qui traine en hurlant sur ses employés… Il est temps de partir !

3000 ans avant nous…

Entre temps, nous avons visité avec Ahmet les ruines du temple d’Artémis, qui faisait partie autrefois des 7 merveilles du monde et dont malheureusement il ne reste plus qu’une colonne aujourd’hui.

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A la sortie, nous tombons par hasard sur 3 cyclos du groupe, qui nous invitent à les suivre. Tout se passe à la vitesse de la lumière : on arrive sur un bout de pelouse occupé par des centaines de vélos et de cyclos, on nous prend de partout en photos, on serre des mains sans retenir les prénoms, en moins de deux on a une assiette en main et 5 minutes après, on suit le groupe qui va visiter la Cité Antique d’Ephèse, la cité Ionnienne la mieux conservée d’Europe. C’est sans doute le pire moment de la journée pour une visite : le soleil est au zénith, il n’y a pas d’ombre, il fait très chaud. Mais c’est vraiment très impressionnant, en particulier le grand théâtre et la façade rénovée de la bibliothèque. Le projet architectural est absolument saisissant pour l’époque, on n’avait un peu oublié, depuis nos années d’écolier, les merveilles et les prouesses de l’antiquité.

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Rien ne va plus, on a chopé le mauvais œil !

Dans nos envies de découverte en Turquie, il y avait Pamukkale, sa « montagne de coton » et la cité de Hierapolis qui la surplombe. Comme on sait qu’on n’arrivera pas à tout faire en vélo en Turquie, surtout si on veut prendre le temps de visiter, on choisit d’y aller en bus. On s’installe dans un hôtel pas cher du tout et de bonne qualité dont nous sommes à cette période les seuls clients. Pamukkale village est une cité du tourisme de masse : tous les bâtiments sont soit des hôtels (tous avec piscine), soit des commerces, soit restaurants, soit des centres aquatiques…

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La montagne qui surplombe la ville aux piscines et le bassin aux toboggans et aux canards…

On comprend mieux le tarissement progressif des sources à l’origine de la formation des tufières qui surplombent la ville. Nous commençons sa visite au matin. Il ne fait pas très beau mais nous sommes presque tous seuls, ce qui est très agréable. On grimpe la montagne les pieds dans l’eau chaude qui glisse de bassins en bassins. La Turquie a fait appel à l’Unesco en constatant il y a quelques années que la poule aux œufs d’or se tarissait. De nombreux bassins ne sont aujourd’hui plus alimentés…

Arrivés au sommet, on découvre la cité de Hierapolis qui est très grande. Et c’est là que le drame survient : alors qu’on marchait tranquillement sur un petit ponton surplombant les bassins de tufières, Pierre Richard entre en scène et met le pied… dans le vide ! Trop occupée à regarder l’horizon, je n’ai pas vu que le ponton suivait une courbe et pas une ligne droite. Je fais une petite pirouette, retombe sur mes pieds mais mon appareil photo lui cogne le sol et me passe par dessus la tête. Bilan : il est fêlé physiquement et fêlé électroniquement… Il ne sert plus à rien dans cet état.

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Je suis dépitée et poursuit la visite sans la savourer malgré l’immensité des lieux et le beau travail de restauration…

Nous roulons jusqu’à Denizli pour chercher un réparateur. Mais il n’y a pas de spécialistes des appareils photos et il est bien compliqué d’expliquer le problème aux non initiés en sachant seulement dire « bonjour » et « bon appétit » en turc…

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C’est la que tout bascule, dans tous les sens du terme…

En fin de journée, nous arrivons chez Burak, contacté par le biais de Warmshower. Il nous loge et en plus nous invite au resto, ce qui, je l’avoue me remonte bien le moral ! Il passe sont temps à nous faciliter la vie et nous invite à rester le lendemain pour aller voir les prix des appareils en magasin. On arpentera toute la ville sans succès. Au final, on décide de changer complètement nos plans : on commande un nouvel appareil sur internet, et, le temps qu’il soit livré chez Burak, on en profite pour faire l’aller-retour à Ankara, qu’on aurait du faire à un moment du voyage de toute façon, pour aller faire nos démarches pour le visa ouzbek. Après en avoir bien discuté avec Benoit, je ne me voyais pas continuer le voyage sans un bon appareil photo, pour moi la photo fait partie intégrante du plaisir du voyage. Et ça ne servait rien de trainer le problème encore plusieurs semaines. On avait un hôte prêt à nous aider, on a décidé de pas laisser passer l’occasion. C’est ça aussi le voyage, on change, on s’adapte, on décide.

Crochet par Ankara…

Donc voilà, je termine ce récit, un peu long sans doute (toutes mes excuses en particulier à Martin, Gaël et Gaël, qui ne liront sans doute jamais ces dernières lignes, terrassés par le sommeil, un bébé qui crie, un tweet urgent à passer, ou le froid glacial de la veranda, avant de les atteindre 😉 ), dans le bus qui nous conduit à Ankara. 7H de route et à mes côtés, un Benoit qui est de nouveau victime d’une intoxication alimentaire, la loi des séries ! Mais ça faisait longtemps 😉 En tout cas, nous sommes sous le charme de la Turquie, de ses habitants surtout qui sont pour la très très grande majorité bienveillants avec nous, curieux, toujours prêts à aider. Sous le charme aussi de la cuisine qui nous enchante les papilles. Des sites historiques qui sont incroyablement nombreux dans la région. Il va pourtant falloir qu’on avance un peu, mais on se sent souvent tellement bien que, pour une fois, il va falloir se forcer à décoller !

A bientôt

Vu ici et là…

Info itinéraire :

Date Départ Arrivée Nb Km Temps sur le vélo D+ D- Remarques
19/04 Gaziemir Guzelbache

camping

33 2h56 +190 -316
20/04 Guzelbache Quelque part vers Gubalhce 41 3h10 +210 -216
21/04 Quelque part vers Gubalhce Teos (Sigacik) 56 4h30 +533 -523
22/04 Teos Camping 51 3h57 423 434
23/04 Camping Selçuk 43 3h27 408 412 Détour par la plage
24/04 Visite Ephèse
25/04 Denizli Pamukkale 60 Km Bus Selcuk – Denizli
26/04 Pamukkale Denizli Beaucoup de parcours dans le centre ville

6 réponses à “Nouveau départ ! Turkish Power !

  1. Puisque vous devez être du coté de Goreme, en Cappadoce, rendez-donc visite à Jillian, vous ne le regretterez pas. On parle d’elle ici : http://cyclomigrateurs.fr/la-cappadoce-intramuros/
    Pour la trouver, demandez à Christine, à la pension Köse. Accessoirement, demandez aussi à Christine si elle a finalement reçu notre colis Amazon, qu’on a attendu fort longtemps, on a fini par partir sans. C’est un compteur pour vélo (évidemment) grand luxe : Altimètre, pourcentages des côtes, météo, tout ça. Si elle l’a, gardez le, utilisez-le, nous on a finalement racheté le même en France.
    Enjoy !

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  2. Ca à l’air super beau la Turquie, en tout cas les photos prise avec le défunt appareil vante bien le pays !
    Sinon, le camping de l’italien aurait mérité un bon gros René qui inonde les sanitaires 😀

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    • On osait pas aller aux chiottes, mais elles ont quand même finies bouchées… mystère 😉 Et dans le camping de l’italien
      y’avait la piscine vide idéale pour rejouer « Elle est à toi » mais on a pas trouvé le moment opportun

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