On the road again ! Ou presque…
Retour à l’anonymat et reprise de la route. C’est aujourd’hui qu’on doit enfin quitter les axes principaux pour rejoindre la montagne. Il fait très chaud et pour midi on se pose à l’ombre d’un verger. À l’heure de redémarrer, le ciel est bien noir et annonce un orage à venir. Vraiment, les orages iraniens sont ponctuels, 18h tous les soirs. Mais là, on a envie d’avancer et de bivouaquer au calme, donc on n’y prête pas d’attention. On s’arrête dans une station service pour faire le plein d’eau et on partage un thé avec deux papis rigolos, un grand gros et un ptit tout sec.
Une troisième personne arrive, nous salue, et nous demande directement notre adresse email. On est vraiment surpris de cette entrée en matière et on enregistre à notre tour la sienne en inscrivant dans le nom « mais pourquoi on a cette adresse mail ». Le monsieur nous dit qu’il est cycliste, qu’il nous cherchait, on lui a signalé notre présence, il voudrait qu’on aille chez lui. On le remercie mais on souhaite continuer, on a à peine roulé depuis la pause de l’après-midi. Quand on redémarre, il nous rejoint rapidement avec sa voiture pour une séance de selfie. On s’y prête, mais après les photos, il insiste plus fortement pour qu’on vienne dormir chez lui. Il nous montre des photos d’autres voyageurs à vélo, appelle un ami parlant français pour nous convaincre, répète son invitation avec insistance, on ne sait même plus comment s’en dépêtrer. La pluie qui commence à tomber créée une petite confusion entre nous par rapport à cette invitation… On finit par le suivre tout en s’engueulant. Et ce sera une belle leçon du voyage : même si c’est gentil, ne jamais accepter une invitation quand on ne le sent pas et qu’on en a pas vraiment envie.

L’ancien pont de Leylan. mustafa insiste pour qu’on le photographie
On arrive chez Mustafa après 8 km à rebrousser chemin au lieu des 4km qu’il nous avait promis. On est presque revenu au point de notre pause de midi. Entre temps, on a du se plier à plusieurs arrêts pour prendre la pause : « smile please »… alors qu’on était en train de se prendre la tête méchamment ! Bref, la bonne humeur n’est pas au beau fixe, et Mustafa nous le fait remarquer ! Les Iraniens sont assez francs du collier, c’est déroutant pour nous qui avons l’habitude de tourner autour du pot.

Mustafa et Benoit après le 10e selfie…
On avait prévenu Mustafa qu’on avait besoin de dormir tôt et de se lever tôt, et on a finalement accepté l’invitation que quand son ami parlant français le lui a expliqué par téléphone. Il avait acquiescé. Mais une fois chez lui, nous sentons que nos « besoins » n’existent plus, on est là pour lui faire plaisir. On regarde toutes ses photos, on doit lire les mails des cyclistes nous ayant précédés ici, amis et voisins sont invités à nous regarder manger, pas de douche proposée… Et toute la mascarade dure jusqu’à 1h30 du matin. Où on dort avec lui à même le sol dans le salon. Cette nuit n’aura donc rien de réparatrice et notre manque de motivation a accepter l’invitation aura sans doute pesé sur notre manière de vivre la soirée.
A 7h, on est sur nos vélos, avec Mustafa et ses amis cyclos, pour reprendre la route. Ils nous laissent au bout de 10 km. On a l’impression de retrouver notre liberté.
On passera toute la matinée à débriefer le paradoxe de l’hospitalité iranienne telle qu’on l’a vécu jusqu’à maintenant. On est à la fois conquis par cette ouverture vis à vis de l’étranger, cet accueil sans demi-mesure, et la simplicité des relations. Mais on est aussi mal à l’aise par rapport au folklore qui entoure parfois cette invitation et nous donne l’impression de n’être plus libres, de devoir se plier aux désidératas de nos hôtes qui décident pour nous de tout, qui nous mettent en scène et ne tiennent pas toujours compte de nos besoins. On en arrive à se demander si on est invités par plaisir de la rencontre ou par fierté sociale ou devoir. La bonne réponse se situe certainement quelque part à mi-chemin. Ce que nous retenons de ces derniers jours, c’est qu’il ne faut pas accepter à reculons et qu’il faut se garder des moments pour soi pour vivre pleinement la rencontre. On y veillera par la suite.
En attendant, on passe une superbe matinée, les paysages qui défilent devant nos yeux aujourd’hui sont plein de contrastes et de variété. En fin de matinée, on rencontre enfin une rivière qui n’est pas asséchée ! Habituellement, celles qui sont sur notre carte se trouvent être des lits asséchés jonchés de déchets.
A chaque pays sa « famille boulet ». Mais celle là, on l’adopte !
A 14h, on se pose dans un coin idéal, en bord de rivière, pour manger et faire la sieste. On a suivi une toute petite route en terre pour trouver ce coin, au hasard, mais on se rend compte qu’il a l’air prisé par les gens du coin qui veulent vivre tranquilles loin des autorités. On croise des motos, des voitures, des jeunes et des plus âgés, tous les mains et coffres pleins à craquer de victuailles, chichas et autres réjouissances. C’est toujours le ramadan, rappelons le, mais un vent de liberté souffle ici. Benoit se fera même embrasser par un bellâtre iranien enthousiaste sur la route, qui lui lâchera un suave I love you en guise d’adieux. Il en est encore tout retourné.
Rapidement, deux voitures (= deux 405) se garent à notre hauteur et une famille nombreuse en sort. Ils ont tout de la nouvelle famille « boulet » : musique de merde à fond, cris stridents, rires gras, selfies à gogo… Mais en même temps, ça nous fait plaisir de voir les femmes ôter leurs voiles, chanter et danser. Bref, défier à leur échelle ce régime qui les opprime. Ça pardonne tout ! Ce qui pardonne tout aussi, c’est qu’ils nous offrent une partie de leur repas, le thé, et nous invitent à partager la chicha. Un moment sympa au final. Alors qu’on s’apprête à repartir, ils nous invitent à dormir chez eux. On décline car il nous faut encore avancer aujourd’hui et surtout car on sent qu’on a besoin de se retrouver seuls ce soir, avec notre petite routine de nomades sous la tente qui nous manque un peu.
Pour finir la journée, la route est toujours aussi belle

arrêt selfie obligatoire, au moins 10 fois par jour
On passera la nuit dans une petite clairière, en ayant jamais été aussi heureux d’être sous la tente.
Tient, on dirait que ça grimpe…
A 8h du matin, il fait déjà plus de 29°. La journée s’annonce brulante et on a un col au programme, qui s’étend sur plus de 30 km. On quitte doucement la vallée verdoyante pour arriver sur un haut plateau montant, au milieu des sommets, entouré du jaune éclatant des champs de blé.
La température dépasse les 40° quand on atteint enfin le col. Les rares espaces d’ombres auront à chaque fois donné lieu à une pause réparatrice. On se pose en bord de route sous les arbres pour notre pause de l’après-midi. Comme à chaque fois j’enlève mon voile à midi et personne ne me dit rien. Faut dire que tout le monde mange et boit du thé, je ne suis pas la seule à faire des entorses à la loi islamique.
Un manque d’anticipation nous obligera à aller jusqu’à Takab, une ville étouffante pour trouver l’eau potable nécessaire pour bivouaquer. Cependant, la ville est bien plus étendue que ce qu’on pensait, et la nuit tombant, on abandonne le plan bivouac pour se replier sur un hôtel. Le seul qu’on trouve est de très mauvais rapport qualité prix et son gérant de très mauvaise foi cherche à nous arnaquer. On négocie 1.100.000 Rials la nuit avec petit dej (oui, les montants sont fous, ça donne lieu à des conversations délirantes : « Aller, file lui 20.000, on s’en fout … ») mais quand on lui dit qu’on veut partir à 7h, donc avant l’heure du petit dej, il devient soudainement en surplus ! Alors là, grosse colère, déjà qu’on avait pas envie de payer ce prix là, je commence à traiter le mec de voleur, à dire que je vais pas me gêner sur trip advisor, à beugler dans le hall histoire de mettre tout le monde bien mal à l’aise. Finalement, on aura un « doggy bag » petit-déjeuner inclus dans le prix, mais je pense que les crachas dans le pain étaient inclus aussi…
Quelque part dans un autre monde mais sur la même planète terre
Nous sommes dans la montagne et maintenant nous alternons chaque jour les montées jusqu’à 2300 mètres pour redescendre aux alentours de 1700. Les paysages sont beaux, dégagés, désertiques et on est de plus en plus seuls sur la route. Les villages forment des oasis vertes dans le jaune des champs de blé et des montagnes pelées. On prend vraiment beaucoup de plaisir à rouler ici. On ne regrette pas de ne pas être allé directement à Téhéran.
Alors que la fin de journée approche, on s’arrête dans un petit village en torchis pour demander de l’eau. On est invité par les habitants à rester pour la nuit. Ici, nous sommes en milieu rural, les habitants sont kurdes, nous sommes au kurdistan iranien. Pas de chichis, pas de flonflons, on partage du quotidien. Ça nous fait du bien. Les jeunes filles sont fières de nous montrer le cheptel de chèvres de la famille, les fruits du verger. L’une d’elle est fiancée à un homme parti volontairement combattre Daesh en Irak, qui n’est pas loin. On est vraiment à mille lieues de ce qu’on connaît, de nos repères, de notre vie. C’est une très bonne soirée. Deux familles se réunissent pour partager le repas, une soupe de pois dans laquelle on trempe du pain. Après le repas, on nous propose la douche, mais tout le monde insiste pour qu’on la prenne ensemble et l’ainé des deux frères suggère même à Ben de me gratter le dos ! Après un dernier thé, on dormira avec la famille qui nous accueille, à même le sol, dans le salon et pour une fois avant minuit.

Belles soeurs !

Père et fille ! Elle est tout en noir car il y a eu un deuil au village deux semaines avant

Nos hôtes Telnia et Sirus

Les voisins (qui ont demandé à être photographié)
Grands espaces, petites routes, et beaux bivouacs jusqu’à Hamadan.
Nous réussissons aujourd’hui encore à partir tôt et les premiers kilomètres à la fraiche, seuls sur la route au milieu d’un paysage lunaire sont un vrai plaisir.
Mais petit à petit, on voit poindre face à nous la longue montée du jour. En fait, on passera quasiment toute la journée à grimper, sous une chaleur écrasante. Chacun écoute sa musique ou des émissions en podcast pour que le temps passe plus vite. Alors qu’on s’attendait à une belle descente pour la fin de la journée, on se retrouve sur un faux plat en mauvais ripio entre champs et montagnes au lointain. Malgré la poussière, on respire à pleins poumons.
On est à bout de fatigue, et la nuit commence à tomber. On approche d’un village dont les habitants viennent à notre rencontre. Ils sont un peu « bizarres », agités, les yeux rouges, comme si ils étaient saouls. Ils veulent qu’on reste mais deux hommes commencent à se battre en nous pointant du doigt, alors dans le doute on déguerpit un peu plus loin. L’endroit est magnifique et on trouve une ancienne maison abandonnée pour y installer la tente à l’abris du vent. Les jeunes du village viendront nous prévenir que l’endroit est dangereux à cause des chiens. Mais pour cette nuit, on préfère la perspective des chiens à celle des voisins violents, question de point de vue. On garde quand même la bombe au poivre offerte en Turquie et notre couteau de cuisine pas aiguisé à proximité dans la tente, et surtout… mes chaussures puantes à l’entrée : barrage infranchissable pour tout non initié.
Dernier jour de vélo avant de rejoindre la ville d’Hamedan le lendemain. Encore une montée interminable sous la chaleur, on commence à s’habituer et on a trouvé notre rythme. Mais aujourd’hui il fait vraiment très chaud, le vent est de face tout du long, et on ne trouve pas d’arbre. On se résout donc à se cacher sous la route, dans un conduit d’évacuation des eaux. Et surprise, on a de la compagnie, au moins 200 mouches le partagent avec nous ! C’est glauque, impossible de faire la sieste. On repart en pleine chaleur, et on accepte les propositions de thé des agriculteurs de bord de route.
En fin de journée, on n’est plus qu’à 50 km d’Hamedan. On veut absolument bivouaquer une dernière fois, car on ne sait pas si on reprendra les vélos en Iran. On trouve un coin parfait avec une vue panoramique sur les vergers, les montagnes et le désert.
Malheureusement, notre soirée idyllique sera un peu perturbée par nos sacoches dont les attaches cassent une par une à l’ouverture, et par un vieux monsieur qui s’inquiète pour nous et ne comprend pas qu’on préfère dormir sous tente au milieu de rien que devant chez lui. Impossible de lui faire comprendre qu’en acceptant juste de nous laisser dormir là il nous rend un bien plus grand service qu’en nous déroulant toute la cérémonie de l’accueil. Il finit par nous donner sa bénédiction après un échange de numéro de portable et notre engagement à l’appeler au moindre besoin ! Cerise sur le gâteau fondu, on se rend aussi compte que le sac à dos était resté ouvert et qu’on a perdu notre antivol sur la route. La loi des séries !
Au réveil, nous remballons nos affaires et et avons la visite du petit monsieur collant de la veille qui s’assure que tout va bien et veut à tout prix nous rendre un service : charger notre téléphone, nous donner de l’eau, nous trouver un coin d’ombre… Mais on a besoin de rien. Il en profite pour nous parler de plein de choses en farsi qu’on ne comprend pas. Mais pas dérangé pour un sou, il continue son monologue pendant un petit moment. C’est ce qu’on appelle, comme en Turquie, le déclic farsi : nos interlocuteurs pensent peut-être que tout d’un coup, on va parler et comprendre couramment leur langage, juste parce qu’ils parlent plus fort. Le petit monsieur est dévasté qu’on décline toutes ses propositions, c’est un devoir pour lui d’accueillir au mieux les étrangers et il n’est pas envisageable pour lui de ne rien faire même si c’est ce dont on a le plus besoin à ce moment là. C’est déroutant.
Découverte d’hamedan et de ses alentours avec Kami
Nous descendons une longue pente, les kilomètres s’enchainent rapidement. Arrivés en pleine chaleur sur le périph d’Hamedan, on trouve un parc pour passer le début d’après-midi au frais en attendant que notre warmshower, Kami, sorte de son boulot. Il vient à notre rencontre à vélo, on fait quelques kilomètres avec lui et on embarque tous ensemble dans une des fameuses fourgonnette bleu où l’on peut tout charger pour terminer le trajet jusqu’à son appartement qui se trouve sur les hauteurs de la ville.

Les parcs, une institution en Iran : on y boit, on y mange, on y dort, on y vit quoi ! Loin des panneaux « pelouse interdite » de chez nous !
Kami est prof d’anglais, il parle à perfection la langue de Shakespeare et sera un merveilleux guide pendant notre séjour dans la ville.
Mais pour l’heure, on se repose chez lui en sirotant du melon râpé frais, un délice.
– Mais c’est quoi un melon râpé ma petite Maïté ?
– Houla c’est très simple, prenez un melon, passez-le à la râpe à fromage, ajoutez un peu de sucre, laissez reposer au frigo et servez-le avec des glaçons. Un vrai délice.
Le lendemain, nous avons le droit a une petite excursion, avec Kami dans les montagnes environnantes pour admirer une cascade et surtout se rafraichir un peu.
Puis nous retournons en ville. Il nous amène dans la grande mosquée, on se retrouve au milieu des fidèles en pleine prière. Il nous apprend le fonctionnement et les rites qui s’y attachent. On enchaine avec une visite de Gonbad Alavian, ancien tombeau du XIIème siècle richement décoré de briques et de stucs.
Le lendemain, visite de la grotteAli Sadr, sans doute la plus grande et la plus belle d’Iran, mais aussi, selon les iraniens, la plus belle et la plus grande du monde ! Et oui, les iraniens nous disent souvent que tel ou tel truc est le « plus grand du monde» le « plus beau du monde» « le plus ancien du monde». Toutes ces merveilles sont définies comme telles par les iraniens eux-mêmes, en toute impartialité, bien entendu. Par exemple, on nous a dit que l’Iran était le pays du monde qui comptait le plus de villages avec des habitations troglodytes, puisqu’il y a ici 3 villages sur 8 au niveau mondial ! Et c’est un prof de géo qui nous l’a assuré. Au delà du nombre, ce sont aussi les mieux conservés et les plus impressionnants de la planète. En provenance directe de la Turquie et en particulier de Cappadoce, on a bien rit !
Kami est un hôte prévenant et adorable, et nous le quittons après trois nuits bien reposantes à Hamedan. Rien de plus simple que d’embarquer dans le bus qui doit nous conduire à Téhéran. La route est désertique et sans intérêt, on est trop bien dans le bus climatisé. Téhéran nous a été décrite comme une ville tentaculaire, moche, puante et anarchique. Même les Iraniens nous l’ont dit, c’est dire ! Mais là n’est pas l’important… On doit y aller pour faire toutes les procédures d’obtention des visas pour la suite de notre route et surtout, une rencontre historique de la plus haute importance doit y avoir lieu. Les mieux informés d’entre-vous penseront immédiatement au 5e salon international des élévateurs industriels qui se déroule mi-juillet à Téhéran (plus d’info : http://en.iranfair.com/index.aspx?siteid=3&fkeyid=&siteid=3&pageid=966&newsview=807). Bien joué, mais non, c’est pas ça.
Réponse bientôt, dans un nouvel article sans vélos mais dans lequel il sera quand même question de pédales 😉
Ben’ a trouvé un nouvel amour masculin, décevant !
Toujours aussi intéressant à lire, et toujours de belles photos.
Ici en ce moment, il fait pas 40° mais pas loin ! Le mois de juin a été le plus chaud depuis 18xx, vers là 🙂
Ca va être la gaypride par chez vous ? 😀
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De pédales !!! qui se les « astiqueraient ensemble » comme a fait mine de le redouter Frédérique sur son blog concurrent et non moins amis ( et on comprend mieux maintenant ). Et la question fétiche : mais comment une jeune femme de si bonne éducation pour parler avec beaucoup de retenue mais aussi de suivi détaillé de la gestion de ses « épisodes glamour » en cyclonomadisme, comment une jeune femme aussi délicatement raffinée peut elle s’être mise en situation de vivre des trucs pareils?
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Des millions 😵 Et dire qu’on a déjà du mal avec les centaines de pesos argentins ou les milliers de pesos chiliens 😓 Vous devez vous sentir bien riches !
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J’avais un peu de retard mais c’est toujours un plaisir de vous lire. 😊 bisous
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Toujours avec vous malgré … la distance. Toujours en phase avec la la beauté de vos photos et la vérité de votre narration, Tout cela, si loin et… si proche.
christian
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