De la route de la soie au plateau tibétain : Lanzhou – Langmusi

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Le fleuve jaune qui traverse Lanzhou

A Lanzhou, pour rallier la gare à l’hôtel, on s’adapte aux us et coutumes chinoises en matière de circulation : contre-sens, slalom entre les voitures, raccourcis par les trottoirs. Et grâce à cette méthode pratique on arrive avant midi à l’hôtel ! Une fois n’est pas coutume on a réservé, mais un jour de fête nationale, les hôtels sont pris d’assaut. D’ailleurs, on s’attendait, naïvement, pour la fête nationale à une sorte de 14 juillet : des commerces fermés, des défilés et festivités par ci par là. Je ne sais pas si on a tout loupé, mais ce qu’on a vécu était bien différent. Au contraire, tous les magasins étaient ouverts et arboraient des drapeaux, musique et cotillons. Quant aux festivités, difficile de savoir ce qui est organisé dans une ville de 3 millions d’habitants quand personne autour de vous ne parle anglais et ne pense intéressant de vous parler de ce qu’il y a à découvrir ici. Bref, ce sera un jour comme les autres. On restera 48h à Lanzhou, le temps de préparer notre départ à l’aventure chinoise.

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On a choisit de démarrer la partie chinoise du voyage à vélo à Lanzhou, dans la province du Gansu, car c’est une province « carrefour » de la route de la soie, que l’on suit depuis la Turquie. De cet héritage, le Gansu tire une diversité culturelle étonnante, entre population Han (Ethnie majoritaire en Chine), minorités mongoles, minorité Hui (de confession musulmane) et minorité Tibétaine. L’idée de rester dans la continuité du parcours et de naviguer au milieu de toute cette diversité a éveillé notre curiosité.

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Depuis notre arrivée en Chine on se heurte aux difficultés de la communication. Exemple type : Benoit demande à l’hôtesse de l’hôtel où on peut trouver un supermarché. Il comprend qu’elle lui répond qu’il n’y en a pas du tout dans la ville. Louche, on en avait trouvé au moins deux dans notre quartier à Kashgar qui compte 10 fois moins d’habitants… Pas démoralisés, on sort tous nos outils de communication pour chercher par nous même :

– Les cartes open street map sur mobile

– Le guide de conversation en mandarin

– L’application Pleco (dictionnaire mandarin)

– Google trad.

On finit par trouver le mot supermarché. Dans les synonymes, on trouve le nom en chinois de certaines grandes enseignes internationales. On recherche ce nom chinois dans la carte Open Street Map, et miracle, un supermarché apparaît à 3 km de là ! Vite, on enregistre sa position à l’aide d’une étoile sur la carte. On décide de s’y rendre pour compléter nos courses d’avant départ, et aucun taxis ne souhaitant nous prendre, on finit par arrêter un Tuk Tuk. C’est le grand retour de ces petites motos à trois roues, bien moins décorées ici qu’au Pérou. Pour se faire comprendre, on lui montre notre destination sur la carte du smartphone. Notre Tuk Tuk slalome entre les bus et les voitures, on se sent bien petits et fragiles… Et en route, on croise pas loin de 10 supermarchés qui étaient tous très accessibles à pieds… Vraiment, on a pas dû se comprendre avec l’hôtesse. Arrivés à quelques centaines de mètres du fameux supermarché, coincés dans d’interminables bouchons, on décide de finir la route à pieds. Et on ne sait pas si ça a vexé notre gentil chauffeur où si il nous a fait une fleur pour la fête nationale, toujours est-il qu’il refuse qu’on paye le prix qu’on avait pourtant négocié ensemble avant la course…

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La communication est vraiment dure. Dans les petits restaurants, les serveurs ou cuisiniers semblent toujours très surpris de nous voir débarquer. Ils nous donnent fièrement la carte remplie de caractères incompréhensibles pour nous et sans images. Quand ils comprennent qu’on ne comprend pas, ils nous expliquent la carte en répétant plusieurs fois… en chinois. C’est souvent un grand moment de solitude pour tout le monde et on finit par jeter un regard à la salle pour chercher l’assiette qui donne envie et la pointer du doigt.

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A part un bouillon mille fois trop épicé, on a jamais été trop déçu par la méthode et ça permet de découvrir les plats du coin, ceux que les gens mangent quand ils vont au resto. Et globalement, les gens font de leur mieux pour nous aider : cours de dégustation de nouilles aux baguettes, ajout d’eau chaude dans le bouillon quand visiblement c’est trop épicé, voir même le refus de nous préparer un plat quand ils savent qu’on arrivera pas à le manger !

Derrière le brouillard, le ciel bleu

Dimanche matin, on se lance sur la route, au milieu du trafic chaotique. Il nous faudra une bonne partie de la journée pour s’extraire de la ville polluée et de sa banlieue très urbanisée. Le trafic est dense et les klaxons incessants. C’est exaspérant.

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Mais petit à petit, au fur et à mesure que l’on grimpe, on redécouvre le bleu du ciel et on arrive au milieu de montagnes dont les flans sont cultivés en terrasse. C’est impressionnant, toute la montagne est taillée par l’homme, travaillée, presque plus rien n’est laissé au hasard de la nature. On dit que la nature à horreur du vide, les paysans chinois aussi.

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En fin de journée, on arrive au niveau d’un point sur notre carte, signalé comme un petit village. On traverse en fait une zone urbanisée de plus de 30km dont on n’arrivera à s’extraire qu’à la tombée de la nuit pour trouver un coin de bivouac tranquille et éloigné des habitations, dans une sorte de canyon.

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Nouvelle classification des villes…

Nous avons depuis établit une nouvelle nomenclature des villes, que nous vous proposons d’adopter pour mieux comprendre nos aventures chinoises :

– Rien sur notre carte : entre 0 et 100 habitants

– Un hameau : entre 100 et 5000 habitants

– Un petit village : entre 5000 et 10.000 habitants

– Un village : entre 10.000 et 200.000 habitants

– Une petite ville : entre 200.000 et 999.999 habitants (Kashgar)

– Une ville : entre 1.000.000 et 10.000.000 d’habitants (Lanzhou)

– Une grande ville > 10.000.000 d’habitants (Chengdu)

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Au matin, on sait parfaitement où on doit monter, puisqu’on a vu la veille au soir les phares des voitures surplomber de plus de 50 mètre notre coin de bivouac, sur la route qui grimpe sur la falaise du canyon.

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700 mètres de plus à grimper et une fois en haut, on roule toute la journée sur une sorte de « route des crêtes » où l’on bénéficie d’une vue panoramique sur les vallées qui s’ouvrent d’un côté et de l’autre de la montagne. Les gens sont surpris quand ils nous voient passer. Ils arrêtent toute activité et nous regardent longuement, mais nous saluent ou répondent à nos salutations une fois sur deux. C’est un peu étrange comme situation.

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Sauvés par le gong à Linxia

En fin d’après-midi, on arrive dans ce qu’on qualifiait avant l’entrée en vigueur de la nouvelle nomenclature, de « petite ville », qui en est bel et bien une ! Linxia. Heureusement, on y entre par de petits quartiers pas encore rénovés, qui ont gardé toute leur authenticité. Des petites échoppes, des grands arbres, des routes de terre, des mosquées et des hommes qui jouent aux cartes devant de petits cafés. Nous sommes au bout de la route de la soie, les habitants du coin sont pour beaucoup des Huis, une minorité ethnique de confession musulmane de Chine.

Mais après ce petit passage charmant, nous empruntons de longues allées toutes neuves, bordées de travaux, de nouveaux immeubles à 30 étages désespérément vides.

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Comme il est tôt, on imagine se poser à l’hôtel et aller faire un tour au bazar. Que nenni. Pendant les deux heures qui suivront, le scénario sera invariablement le même : on s’arrête devant un hôtel, Benoit reste avec les vélos et s’entoure d’une dizaine de personnes qui les tripote et demandent à monter dessus, pendant que j’entre dans l’hôtel, où la personne au guichet met 5 minutes avant de me calculer avant de finalement faire un geste rapide et répété de la main, de droite à gauche, qui au lieu de vouloir dire gentiment « coucou » veut dire « je n’ai rien pour toi, au revoir ». Certains nous écrivent quelque chose sur un papier en Chinois, on comprend que c’est le nom d’un super hôtel super cher pour étrangers censé pouvoir nous accueillir. La nuit tombant, on finit par renoncer et tenter de sortir de la ville. On s’arrête dans une station service pour prendre de l’eau, et je repère à l’arrière de la station un horrible terrain plat, en gravillons, remplit de flaques d’eau. On demande si on peut camper là au gérant. Le soleil s’est couché. Le monsieur de la station nous fait « coucou ». On part. J’ai les larmes aux yeux. J’en ai ras le bol.

A ce moment précis, je repense à Bonab, en Iran. C’est vrai que sur le coup toute cette présence et ce défilé nous avaient parfois mis mal à l’aise. Mais qu’est ce qu’on était bien entourés de ces personnes qui ne nous connaissaient pas 3 minutes plus tôt mais refusaient de nous laisser dormir dehors. Je donnerai tout pour être à Bonab ce soir, avec Hossein et Mohammed qui joueraient leur somptueuse musique, on mangerait enfin chez son grand-père, et Alireza nous ferait rire en rejoignant Monsieur Jafar pour manger des glaces pour le dessert. Le contraste entre tout ce qu’on a vécu ces dernier moi entre la Turquie et le Kirghizistan et ce qui se passe aujourd’hui rend la situation encore plus dure à vivre. On se sent seuls.

On continue de rouler, le soleil est couché. 10 km qu’on a quitté la ville et toujours pas un coin pour camper. On passe devant une enseigne qui nous fait penser à un hôtel. C’est Ben qui y va cette fois. Il fait répéter deux fois à la jeune fille derrière le comptoir « it is OK ? ». Elle sourit et hoche la tête de haut en bas. Et ça, ça veut vraiment dire oui, même en Chine ! La chambre est basique mais a le petit goût du miracle, elle est donc absolument parfaite à nos yeux ! Et en entendant la pluie tomber, au chaud sous la couette, on ne fera qu’apprécier d’autant plus tous les plaisirs d’une nuit à l’abri. Et on retardera d’autant plus le réveil au matin, attendant au chaud que la pluie se calme un peu. On évite l’accident bête de justesse : alors qu’on sort d’un petit restaurant, quelques secondes après notre passage, l’enseigne en verre tombe et se casse en gros morceaux juste derrière nous, sous l’effet d’une bourrasque. Décidément, on est chanceux.

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Nos sauveurs devant leur hôtel

Changement de décor, changement de culture

Le début de la journée est sans grand intérêt. Il y a du crachin, le ciel est gris et assombrit les belles couleurs d’automnes dont se sont parées les montagnes autour de nous. On passe une bonne partie de la matinée à sortir de la banlieue de Linxia. Sur le bord des routes, les gens se réunissent en petits groupes pour tuer les poules, les ébouillanter et les déplumer. J’aurai bien pris une photo mais on ne me donne pas l’autorisation. Ça m’agace quand je pense au nombre de personnes qui nous photographient à longueur de journée, mais je comprends et je respecte ça. Donc à la place, je prends des photos de ce qui ne bouge pas :

Reportage passionnant.

En milieu d’après-midi, on entre dans la partie Tibétaine du Gansu et on découvre les premiers moulins à prières, Stupa, et monastères aux couleurs chaleureuses et aux toits étincelants d’or.

On s’arrêtera pour s’approcher de l’un d’eux, et on tombera face à face avec un groupe d’enfants moines. On s’observe mutuellement, tous aussi timides et mal à l’aise, tous aussi curieux aussi.

En fin de journée, on trouve une serre non cultivée pour planter la tente à l’abri de la probable pluie et du vent. Bivouac insolite donc, le propriétaire des lieux nous démasquera mais nous donnera sa bénédiction.

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Au matin, il nous reste 40 km pour atteindre Labrang (Xiahe) et son célèbre Monastère Tibétain, le plus grand hors de la région autonome du Tibet. En période de vacances scolaires chinoises, le lieu est prisé et l’axe très emprunté. Ça nous permet d’imaginer les commandements du conducteur qui doivent être affichés dans toute bonne auto-école chinoise :

  1. Sur le klaxon, à tout moment et en toute occasion, fortement et longuement tu appuieras.

  2. Dans le rétroviseur, jamais, ô grand jamais, tu ne regarderas…à part pour te mirer, et uniquement à cela il te servira.

  3. Ralentir, jamais tu ne devras, hormis pour filmer longuement les inconnus en bord de route, et alors sans complexes, quelque soit la route, un bouchon, tu créeras.

  4. Une faible visibilité, un virage, un autre véhicule face à toi, jamais de doubler ne t’empêchera.

  5. Le frein, seulement en dernier recours, tu actionneras. Et alors, sans regarder derrière toi, tu pileras.

  6. Pour te garer, t’y reprendre à 4 fois minimum, il te faudra.

  7. Ta voiture en tout lieu et quelque soit le temps, tu laveras.

  8. Au volant, une photo réussie est ta priorité, ne l’oublie pas !

Ah non, en fait, c’est pas possible. Il doit pas y avoir d’auto-école en Chine.

Au cœur de la ferveur Bouddhiste

Et nous voici à Xiahe, juste avant que la pluie ne tombe, dans un hôtel cosy dont nous sommes les seuls occupants du dortoir. La ville est remplie de Moines tibétains et de pratiquants Bouddhistes qui viennent ici pour prier.

Il leur faut pour ça faire le tour complet du monastère en actionnant chacun des moulins à prière et en priant devant tous les temples et pagodes et en faisant des offrandes dans chacun d’eux. Toute cette ferveur est impressionnante, d’autant plus qu’on voit beaucoup de personnes très âgées se plier à la cérémonie.

Un jour de repos pour visiter cet immense monastère et ses alentours c’est peu. Encore plus quand l’orage est de la partie.

Le monastère est immense. Des centaines de moines vivent ici et viennent y faire leur éducation dans des écoles réservées : médecine, astrologie, physique etc. Le campus est immense.

Pour mieux comprendre, on se paye la visite guidée avec un Moine. On est ajouté à un groupe de touristes allemands, c’est une forme de traitrise pour Ben. Si la visite nous permet de découvrir l’intérieur des temples, salles de prières et de débat, elle ne nous apprend rien tant notre Moine Guide n’a rien de zen et d’emphatique. Il est hyper expéditif dans ses explications, ne veut jamais répéter et envoi chier tout le monde. Pour tout dire, on l’appellera « Monsieur Bouddha connard ». On peut comprendre qu’il en ait ras le bol du tourisme, mais en même temps, c’est pas la bonne méthode pour ramener de l’argent au monastère et plaider en faveur de la cause tibétaine. Labrang a été fermé aux visiteurs étrangers à plusieurs reprise, tout comme l’est actuellement la région autonome du Tibet, notamment après le soulèvement de 2008 et en 2012.

Vous ne verrez rien de l’intérieur des temples et édifices, les photos y sont interdites. Généralement, une statue géante de Bouddha trône au centre, entourée d’autres statues d’autres divinités ou de personnalités ayant atteint le Nirvana. Des photos du Dalaï Lama sont parfois exposées ainsi que des Lamas les plus importants actuellement et ceux issus du monastère . Certains sont très jeunes au vu des portraits. Il y a beaucoup de dorures, d’étoffes colorées, et de bougies au beurre de yak. Les croyants font beaucoup d’offrandes et glissent beaucoup de billets partout. Les temples sont hyper colorés.

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On trouvait ces sculptures très kitches mais quand on a compris que les moines les sculptaient eux-même avec du beurre, ça nous a imposé un respect éternel.

« Je ne sais pas où je vais, mais ça je ne l’ai jamais bien su, et si jamais, je le savais, je crois bien que je n’irai plus… ». La Rue Ketanou

Au démarrage le lendemain, un homme interpelle Ben. Il veut savoir combien coûtent nos vélos. Notre nouvelle réponse à cette question récurrente, c’est de pointer le véhicule de celui qui nous questionne et de dire que c’est la même chose. Les 3/4 du temps c’est une moto, donc ça se tient. Aujourd’hui, c’est un gros 4×4. Ben propose de l’échanger contre un des vélos, le gars accepte ! Hésitations… Non, on risquerait de passer pour des concurrents du Mongol Rallye, on continue à bicyclette.

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Comme souvent, on a une petite hésitation sur la route à prendre : l’une est une route principale, elle est parfaitement asphaltée, elle passe deux cols, tout le monde nous la conseille. On ne connaît pas le revêtement de l’autre, on sait juste qu’il est mauvais, elle est plus longue, s’enfonce dans la campagne et ne passe qu’un col, plus haut toutefois que ceux de la première route. Jusqu’au carrefour décisif, on a pas pris de décision. Puis la phrase de la sagesse viendra de Benoit « on fait pas du vélo pour rester sur les grosses routes, non ? ». Allez, c’est parti !

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Nous sommes enfin au calme, on traverse d’abord des Grasslands, ces prairies de haute altitude où paissent moutons et yaks. Puis on arrive dans une vallée plus étroite pour grimper au col à 3700 mètres. Là, la pluie grésillante commence à nous tomber dessus, on aborde la descente en quête d’un lieu de bivouac. Pas facile, car tous les terrains des éleveurs de yaks sont clôturés. On demande donc à pouvoir se poser dans l’un d’eux.

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Sur cette route, on croise énormément de motos transportant de 3 à 5 personnes. Souvent un ou deux adultes et leurs enfants, tous emmitouflés dans de longs manteaux-couvertures parfois doublés en peau de mouton, avec de longues manches qui dépassent largement des bras et des écharpes enrubannées autour de la tête. Les salutations sont toujours chaleureuses, et parfois le convoi s’arrête à notre hauteur pour regarder nos vélos.

Beaucoup moins sympathique, on fait la connaissance des dogues du Tibet qui deviennent instantanément nos pires ennemis canins du voyage. Le dogue du tibet est un fourbe. Il a une gueule de gros chien nounours, avec tous ses poils, son nez aplatit et sa queue en panache. En plus, il est souvent en train de dormir au bord de la route, avec un air placide et inoffensif.

Et c’est seulement quand on arrive à sa hauteur qu’il se dresse énergiquement, fonce en aboyant agressivement, mais surtout grogne tous crocs à l’air.

On reprend les vieilles méthodes : cailloux, cris, eau. Mais on s’en sortira avec deux belles morsures de sacoches et de belles frayeurs pour nos mollets en une seule journée.

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On préfère les grosses marmottes bien grasses qui se prélassent au moindre rayon de soleil

En fonction de l’ensoleillement, les montagnes qui bordent la route nous apparaissent soit verdoyantes soit d’un camaïeu marron. Nuages et éclaircies alternent toute la journée.

En fin d’après-midi, on retrouve la route principale et son trafic.On ne regrette vraiment pas de l’avoir quitté ! Et on débute une nouvelle ascension. En cours de route, alors que je m’arrête dans un restaurant-hôtel pour une pause technique, Ben demande le prix des chambres et dans un moment de faiblesse me convainc d’y dormir. Je suis pas hyper enjouée, j’avais envie de bivouaquer. Bel instinct de Ben : la pluie commence à tomber et au petit matin, c’est de la neige qui recouvre tous les sommets et plaines alentours.

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Chouette, une attraction au col !

Les 80 km pour rejoindre Langmusi sont éprouvants. Le temps n’est pas au beau fixe, on enchaine d’interminables montées pour de courtes descentes.

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Langmusi est réputé pour ses paysages rocheux à couper le souffle, ses deux monastères tibétain (l’un côté Gansu, l’autre côté Sichuan) et ses plaines bordées de montagnes aux couleurs flamboyantes. On y arrive en fin d’après-midi, et les nuages bas ne nous laissent entrevoir qu’une petite partie du spectacle. On se décide à aller voir l’un des deux monastères. L’entrée est payante, et comme il va faire nuit on se contente de rester à l’extérieur. Les jeunes qui tiennent le guichet nous invitent à les rejoindre pour partager le thé et nous poser plein de questions sur la France, le climat etc. Enfin un moment de partage avec des gens, ça nous manquait vraiment ! Et quel bonheur, ce n’est que le début !

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Langmusi, 7h, le réveil sonne. Il pleut dehors, les nuages sont bas, on est bien au chaud, on décide de ne pas partir aujourd’hui. Nous avons été alléchés par les conseils de rando de la jeune qui tient l’auberge, et on espère que ça va se lever. Et bien non. Vers midi, une dizaine de personnes arrivent à l’hôtel, un bus a dû arriver en ville. Parmi eux, un couple anglo-australien, Keira et Paul, et un couple Israëlien, Sarah et son mari. Tout le monde s’installe dans la pièce commune, la seule a être dotée d’un poêle et donc de chauffage. En nous voyant regarder par la fenêtre la pluie qui tombe avec désolation, la jeune de l’auberge nous conseille d’aller faire un tour aux sources chaudes, à 45 minutes en voiture d’ici. Elle pense important de nous prévenir que ce sont des thermes pour « locaux », qu’elles n’ont pas le standing touristique mais que ce sera une bonne occasion de partager un moment vrai avec les gens du coin. On est séduits par l’idée, et on décide de partager un taxi à 6 pour s’y rendre.

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En attendant le départ, on va visiter le monastère côté Sichuan, sous la pluie. Malgré les conditions peu propices, on apprécie la marche au milieu des maisons, des pagodes, des stupas et des temples. On devine que par temps clair, l’endroit doit être absolument magnifique, presque mystique.

Rendez-vous en terre inconnue

On rejoint les autres pour prendre le taxi, qui nous conduit au village des sources chaudes par une route magnifique, serpentant entre des parois rocheuses où l’on traverse des tas de petits villages tibétains. Avec Ben on est complètement sous le charme, dégoutés d’être en voiture et que cette route ne soit pas au programme. On arrive au village et on s’acquitte du droit d’entrée pour les sources, 10 RMB. Puis notre chauffeur nous conduit vers un grand bâtiment, au coeur du village, d’où une épaisse vapeur se dégage. Il nous explique que les femmes vont à gauche, et les hommes à droite. En chemin, les gens nous saluent avec beaucoup de chaleur et de curiosité, semblent très contents qu’on soit venu ici pour se baigner. Tous nous font des saluts, certains rient, d’autres font des signes de « brasse ».

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Quand on rentre dans la salle réservée aux femmes, c’est la stupeur. Il y a deux bassins, de 15m sur 10 environ, remplis de 30 cm d’eau environ. Et les bassins sont entièrement occupés par des femmes et des enfants assis collés les unes aux autres, sous les vapeurs de l’eau chaude. C’est grouillant, c’est impressionnant. Tous ces yeux nous regardent attentivement, nous sourient, nous invitent à les rejoindre, au milieu des nuages de vapeur. J’avoue avoir eu à la fois un sentiment de répulsion face à tous ces corps si proches dans un si petit espace, et en même temps la sensation de vivre un instant unique et rare. C’en est trop pour Sarah qui fait demi-tour, Keira et moi entrons dans le bassin. On enjambe les dames qui nous disent où nous assoir et commencent à nous passer de l’eau chaude sur le corps, à nous masser ! Les gens se versent de l’eau les uns sur les autres et se massent mutuellement, c’est culturel, pas juste un traitement de faveur. Elles regardent nos peaux, nos poils de bras blonds et en rigolent. On passe finalement un moment hors du temps, où on est spectatrices de ce qui est en train de nous arriver. On sort de notre bassin, toujours aussi observées pour retrouver les gars et aller ensemble dans le minuscule bassin extérieur, mixte. Là aussi les gens nous regardent, nous conseillent de nous mettre là plutôt qu’ici, nous touchent, nous observent. On rigole bien avec eux. Pas de photos de tous ces moments, elles sont interdites, les images resteront simplement gravées dans nos mémoires.

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Derrière la cabane, le bain mixte

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Paul, Benoit, et un de nos compagnons de baignade

De retour à Langmusi, on partage un délicieux repas avec Kheira et Paul : aubergines sautées, porc caramélisé… On se régale. En rentrant, on est toujours marqué par le charme de la petite route empruntée pour aller aux thermes et on aimerait bien trouver une route secondaire en espérant y croiser ce type de paysage. Il y en a bien une sur notre carte, mais nous n’avons aucune idée de son existence réelle, de son revêtement et de son relief. Après s’être creusés les méninges, on décide d’aviser en fonction de la météo au réveil…

A bientôt !

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Les chiens bouddhistes sont des rastas

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Soyez polis ! assimilez !

PS : on a enfin mis à jour le fichier avec les étapes ! On remettra à jour les anciens articles au fur et à mesure pour ceux que ça intéresse :

01 octobre

Lanzhou

 courses, promenade…

02.10

Lanzhou

Bivouac canyon après ville

62

5h12

+826

-554

03.10

Linxia

72

6h09

+843

-738

Dur de trouver un hôtel. Possibilité à la sortie de la ville.

04.10

Bivouac dans une serre

58

4h40

+585

-69

05.10

Xiahe

43

3h29

+565

-74

06.10

Visite Monastère

07.10

Xiahe

Croisement S213

60

4h45

+723

-182

08.10

Hôtel près de Mange

73

4h32

+322

-530

09.10

Langmusi

80

5h46

+721

-688

10.10

Repos et Thermes

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3 réponses à “De la route de la soie au plateau tibétain : Lanzhou – Langmusi

  1. Pour un voyage si long, je me demande s’il n’est pas plus sage de s’arrêter, quelque part pendant l’hiver ou l’automne (s’il y a du temps a disposition bien évidement).
    Avec la grisaille et la pluie ça ne doit pas être simple.
    Courage et merci pour les magnifiques photos et articles 🙂

    J’aime

  2. Ah l’Asie ! De ma petite expérience voyagesque il y a pas plus beau et plus dépaysant, le top du top pour se sentir en voyage à l’autres bout du monde
    Toutes ces montagnes avec ses terrasses à culture sont superbes
    Par contre, la Chine ne m’a jamais donné envie, et vous me confirmez le truc : tout est écrit exclusivement en mandarin, trop injouable pour la bouffe pour moi, je ne peux pas faire comme vous à jouer à la loterie gastronomique !

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