Premiers pas en Patagonie !

Le 04 janvier au lever du jour, nous quittons notre petite maison de Valparaiso. Ces 4 journées « à quai » dans cette ville aux milles couleurs nous aurons vraiment fait le plus grand bien. On a apprécié ce retour éphémère à la sédentarité mais l’appel de la route et du grand air se fait sentir. Ce n’est pas pour tout de suite cependant, puisque nous allons d’abord faire étape à Santiago du Chili. Valparaiso dort encore, on pédale donc au milieu des magasins qui ouvrent doucement et de quelques voitures. Nous sommes vites adoptés par un chien errant qui nous suit jusqu’à la gare routière. Pour une fois, pas de soucis pour embarquer nos vélos dans le bus, on ne nous demande même pas de payer ! Incroyable !

Santiago, capitale en grève de la culture !

Nous arrivons tôt à Santiago : changement de décor, d’odeurs, de bruit. Nous ne sommes plus à Valparaiso la Belle, mais à Santiago la Puissante. On emprunte des axes passants, on se perd au milieu de la foule, on perd la tête entre toutes ces devantures de magasins en tous genres. Ce n’est pas le centre mais l’activité bat son plein. Nos Warmshowers, Victor et Daniela, ne pouvant nous accueillir qu’à 20h, on décide de trouver un endroit tranquille pour se poser avec tout notre convoi… On quitte les axes principaux pour se perdre dans les plus petites rues, et, au détour d’un parc. A 10h30, on finit par trouver un petit café sympa qui sera notre QG du jour. Le programme est chargé : Benoit écrit l’article, je trie les photos et les sélectionne, je mets en forme l’article, le publie… Et pendant ce temps : un café viennois, suivi d’un menu du jour, deux jus de fraises frais et… Il est déjà 19h !!! On peut maintenant estimer le temps qu’il nous faut pour publier un article sur ce blog, un vrai boulot !

L’immeuble dans lequel résident Victor et Daniela est une vraie tour d’ivoire avec vue panoramique sur la Ville. On est gênés de hisser nos vélos sales dans les ascenseurs de verre, et encore plus d’occuper une grande partie de l’espace dans l’appartement de nos hôtes, à cause de toute nos affaires. Mais Victor et Daniela ont l’habitude et ils sont absolument adorables ! Elle est avocate dans l’aide à l’enfance, il est ingénieur en informatique, et tous les deux ne rêvent que de prendre la route à vélo, d’Alaska à Ushuaia. Nous passons ensemble trois soirées très agréables à discuter de politique, de sujets de société, etc. On aura même l’occasion de faire un barbecue sur le toit terrasse de l’immeuble, au 24e étage. La vue est saisissante, c’est magique de pique niquer là ! Il y a même une piscine mais on ne se fera pas le luxe d’un plouf. Si nous restons à Santiago du Chili, c’est aussi pour retrouver Nath et Thibaut, des potes de France, qui débarquent le 05/01 pour 6 mois de voyage entre Chili, Bolivie, Pérou et Argentine. C’est vraiment chouette et un peu improbable de se retrouver ici, dans cette nouvelle vie qu’ils débutent et dans laquelle on s’épanouit depuis bientôt 6 mois. L’occasion de partager des ballades en ville, une bonne bière et un pique nique dans le parc, ainsi que des petites informations ! Au hasard des rues, on croise André, le cyclo allemand rencontré déjà par hasard à Valparaiso qui se joint à nous ! On aurait bien voulu cette fois prendre le temps de visiter les musées de la Ville, notamment le musée d’histoire, pour mieux comprendre le coup d’état et la dictature qui a suivi, ainsi que le musée d’art moderne. Malheureusement, tous les musées publics sont en grève ! Un mouvement national, pour défendre la culture, ce ne sera donc pas pour cette fois…

Pour la suite du programme, nous avons finalement renoncé à prendre la route de Pucon à San Carlos de Bariloche, puisqu’après notre étape de Santiago, nous n’en avons plus le temps. On se contentera donc de la région des 7 lacs en voiture, c’est mieux que rien… On prend donc le bus en direction de Puerto Montt, à 22h30. Je laisse Benoit vous raconter cette expérience encore une fois mémorable…

Bus tout puissant

Je réalise ce post sur un sentiment d’impuissance face aux conducteurs de bus d’Amérique du Sud. En particulier les conducteurs de bus Argentins et Chiliens qui se font un malin plaisir de prendre des commissions à tout va sur le dos des gringos à vélo. Je m’explique, la plupart des compagnies de transport demandent un supplément pour charger les vélos dans leur bus, normal, nous prenons de la place dans les soutes et cela je ne le conteste pas. Le problème c’est que bien souvent, le supplément doit-être payé directement au chauffeur lors de l’embarquement ou pire, une fois le trajet commencé. Et c’est bien là le soucis puisque les tarifs ne sont pas tout le temps indiqués ou connus par les guichetiers qui nous vendent les tickets. Ainsi nous nous retrouvons à la merci des conducteurs qui, tels des mafieux, prennent des commissions allant directement dans leur poche. Ce système m’exaspère, il fait du tord à la compagnie car cela donne une mauvaise image d’elle si le chauffeur se montre trop gourmand, et nous cycliste, nous nous retrouvons à devoir négocier le tarif pour ne pas nous faire pigeonner par ces vautours. Ainsi, lors du trajet allant de Santiago à Puerto Varas, les chauffeurs ont attendus que les vélos soient chargés pour exagérément fixer des prix bien trop élevés pour nos deux montures (25000 pesos Chilien). Nous avons refusé de payer une telle somme malgré leur insistance. C’est plus cher que nos billets ! Le prix a baissé en une demi seconde de 5000 pesos, mais c’était toujours trop important. Alice a dû batailler en espagnol pour leurs montrer notre détermination, menaces et pressions en tout genre de la part de ces « demi-dieux » du volant s’en sont suivies. « On vous fait un prix d’ami, si vous voulez que l’on fasse ça dans les règles cela va vous en coûter bien plus cher! » . Ben tient! Même pas peur! Ils nous expliquent qu’ils vont faire expertiser les vélos et les bagages par quelqu’un de l’agence une fois arrivé à Puerto Varas, ils s’amusent même à prendre en photo la soute lors d’un arrêt… On refuse toujours de se plier à leur tarif. Du coup, durant tout le trajet, ils nous ont ignoré nous laissant en proie à nos doutes.Guerre des nerfs. Avons-nous fait le bon choix ? Le mec de l’agence ne va-t-il pas être de mèche avec eux et nous faire « payer » notre rébellion au prix fort ? Malgré nos questionnements, nous ne pouvions plus faire marche arrière, dans ce jeu de dupe, le 1er qui montre un signe d’hésitation a perdu!

Enfin l’heure du verdict arrive au petit matin, le mec de l’agence a pris connaissance du problème et tranche rapidement. Le tarif est de 5000 pesos pour chaque vélo et 4000 pour le supplément bagage soit 14000 pesos au total, grille tarifaire à l’appui ! On est loin des 25000 pesos demandés par les chauffeurs!

D’après mes savants calculs Einsnshteinesque, ces chauffeurs se seraient donc mis 11000 pesos dans leurs bourses personnelles si nous avions payé directement!

Nous étions fiers de ne pas avoir cédé, mais on ne comprend vraiment pas pourquoi on ne nous fait presque jamais payer au moment de la réservation du billet le supplément pour les vélos, puisqu’il est tarifé… Tout est fait pour assurer l’impunité aux chauffeurs !

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Touriste = n.m  : Pigeon plus gras que les autres

Du coup on arrive à Puerto Varas heureux d’avoir « gagné » la bataille, même si au final ça nous aura coûté bien cher quand même ce transport… La ville est très mignonette et touristique, en mode petite ville de montagne« Suisse Allemande ». On se pose dans un parc où chante un groupe local, entendez par là, composé de guitares et de flûtes de pan, pour pique niquer et se renseigner sur la suite du programme. A ce moment là, on envisage de traverser la frontière entre Chili et Argentine par les lacs Todos los Santos, Frias, et Nahuel Huapi mais la seule chose qu’on sait, c’est qu’il faudra prendre au moins 3 fois le bateau, qu’on aura assez peu de km à parcourir à vélo, qu’on passera un col sur du ripio pas très bon. Mais on n’a pas d’idées des modalités et tarifs.

C’est à l’office du tourisme que commence la douche froide… Les deux petits jeunes, qui ressemblent à des collégiens en stage découverte, me disent que la traversée est impossible en vélo, puisqu’il n’y a qu’une agence sur le coup et qu’elle organise des circuits en bus. Et alors ? Ils m’invitent à aller voir l’agence en question. Pas satisfaite de cette réponse, je vais voir la deuxième agence de tourisme (on en fait jamais trop pour les gras touristes que nous sommes) pour demander conseil, et le verdict est sensiblement le même : une seule agence, et pas de bateaux privés. En désespoir de cause, je vais donc à l’agence, et je tombe sur ma chaise (en même temps sans doute que la secousse du tremblement de terre enregistré ce jour là, mais que je n’ai pas senti du coup) : 98$ US/pers pour la traversée si on vient en vélo ! Les bateaux partent seulement une à deux fois par jour, il faut se renseigner sur les horaires d’un port à l’autre. Je lui fait répéter 3 fois la devise dont il s’agit, elle me prend définitivement pour une idiote, mais je n’en revient pas ! Je m’attendais à cher, mais ce prix là au max pour les deux, pas par personne ! Business is business…

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Je reviens avec les nouvelles du jour vers Benoit, qui assiste toujours au concert de la plazza de arma en réparant mon vélo, et on décide au son de la flûte de pan de quand même faire la traversée, elle s’annonce magnifique, et se serait décevant de devoir remonter par la route… Après avoir fait les courses pour vivre en autonomie 4 jours, s’être baignés (= laver, je vous rappelle qu’on a passé la nuit dans le bus) dans les eaux glacées du lac face au volcan Osorno, nous prenons la route, pour nous éloigner petit à petit de la foule. En route, nous croisons une autre cycliste qui remonte la carretera australe et nous dit beaucoup de bien des paysages. C’est motivant. Après cette semaine d’arrêt, et cette nuit un peu light, la reprise du vélo n’est pas très fluide, et on s’arrête vers 18h, après seulement 2 h de vélo, au bord du lac, sur une petite plage où on pensait être seuls. En fait, pas du tout, il y a déjà 3 autres tentes. Il faut dire que les prix des campings alentours sont exorbitants. On plante la tente dans le sable/cendre, face au lac, et on admire en mangeant le changement de couleurs du volcan Osorno au fur et à mesure que le soleil se couche face à lui. On fera connaissance pendant la soirée avec nos voisins de tente, des Chiliens de Puerto Montt venus passer la soirée ici puisqu’ils sont en congés demain ! Ils nous promettent qu’on se retrouvera au petit dej, on n’en sourit, mais quand on sort de la tente à 7h, ils sont encore là, plus très frais, mais debout ! On prend le petit déjeuner avec eux, et à peine avons nous tourné les talons pour remballer nos affaires, qu’ils ont tous disparu, ronflants dans la tente ! La journée des uns commence quand s’arrête celle des autres !

Entre lacs et montagnes, bienvenue en Patagonie

La route longe le lac et on a une vue à la fois sur le volcan Osorno, cône parfait dominant le lac, et le volcan cabulco, qui en Avril dernier s’est réveillé et à saupoudrer toute la région de ses cendres furieuses ! Il fume encore le coquin…

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On longe toute la matinée le lac avec en point de mire le Volcan Osorno

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La cendre due à l’éruption d’Avril tapisse tout

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Le Volcan Cabulco est au fond

On fait un stop pour manger une empanada de saumon, puis un autre pour aller voir ce qui est visible des chutes du rio Petrohué : en effet, suite à l’éruption d’avril, les chemins d’accès sont tous en travaux et fermés.

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Les chutes du Rio Pétrohué

Dans le hall d’entrée du bâtiment de la réserve, qui permet d’accéder aux chutes, on trouve un guichet de notre agence préférée de croisière inter-lagos. On voudrait y prendre nos billets pour demain, mais le mec est nouveau et incapable de savoir si c’est possible en vélo… Il nous dit de demander à l’agence de Pétrohué, 6 km plus loin, qui ferme par contre à 15h. Et il est… 14h15 ! 6Km en 3/4 d’h, pas de quoi s’affoler me direz-vous ! Oui, sauf que pour les 6 derniers km justement le goudron laisse place au ripio en tôle ondulée, recouvert d’une belle couche de cendres du Cabulco ! C’est donc la course : on pédale aussi vite que l’on peut, on pousse énergiquement, on y met du coeur et on arrive à 14h55 devant l’agence qui allait en effet fermer. On a nos billets, première traversée le lendemain à 10h30, puis nous aurons deux journées pour traverser tranquillement les deux autres lacs. Nous sommes dans une réserve naturelle, il est indiqué partout qu’il est interdit de camper et faire du feu en dehors des zones de camping, et visiblement, tous les habitants du coin on fait de leur jardin un camping. On embarque donc nos vélos une nouvelle fois dans une barque pour aller se poser dans un de ces terrains de l’autre côté de la rive.

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On trouve un spot assez idyllique : on est seuls, au bord de l’embouchure du rio Petrohué et du lac todos los santos, bordé de montagne et toujours dominé par le fabuleux volcan osorno. On s’imagine déjà une soirée idyllique au coin du feu qu’on commence à allumer. C’est à ce moment précis que débarque un groupe d’extra-terrestres que nous avons quasiment instantanément nommé « la famille boulets ». Quand on est arrivé, ils étaient déjà bien installés à un autre endroit, et on a bien pris garde de se mettre à l’écart, bien isolés. Voilà qu’ils arrivent un par un, avec tout leur bardât, et qu’ils collent quasiment leurs deux tentes à la nôtre ! Ils déplacent la table de pique-nique de leur côté, sans se demander si on en avait besoin, et commencent à faire un feu qui, grâce au sens du vent, envoi ses fumées, cendres et braises sur notre tente ! Et pour couronner le tout, ils mettent leur poste de musique dans l’arbre voisin de notre tente et écoutent un CD qui doit être l’équivalent d’une compil de la Star’Ac en Chilien… On est au fond du trou, on ne comprend pas ce qu’il nous arrive : pourquoi ont-ils changé de place alors qu’ils étaient tous seuls tranquilles, et pourquoi pour se coller à nous ? On soupçonne qu’ils aient été envoyés par Océane et Loïc en représailles de notre débarquement imprévu du 25/12 🙂 on ne voit pas d’autres explications. Quand on se couche, il est quand même plus de minuit, toute la famille est en train d’apprendre à la petite dernière, qui doit avoir 2 ans, le bruit des animaux : on s’endort donc au son des vaches, chèvres et chiens, entonnés en coeur par toute la famille… Magique !

Nos vélos embarqués à l’avant du bateau, nos sacs enfermés dans un petit container, nous voici partis pour la première traversée. 1H45 pour une traversée fantastique d’un lac enlacé entre les montagnes et le volcan Osorno qu’on voit s’éloigner petit à petit.

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Quand on débarque, on est de suite envahi par les grosses mouches/taon électriques. On ne vous en avait pas encore parlé ? Depuis Puerto Varas, nous sommes régulièrement accompagnés d’immenses mouches dégoutantes et bruyantes qui se posent sur nous et nous envoient des décharges. Elles peuvent vite être plus d’une dizaine à vrombir autour de nos têtes, c’est cauchemardesque. Benoit les laisse se poser sur lui pour mieux les taper, moi je les fouette avec mon buff… Mais elles sont tellement grosses qu’on arrive finalement rarement à les tuer. A quoi servent ces bêtes ? Benoit passe son temps à élaborer des scénarios d’éradication massive. L’agacement qu’elles provoquent chez nous nous transforme en monstres sanguinaires.

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Quand on s’arrête 1 minute, on est envahit

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La tâche noire donne une idée de l’échelle 🙂

On débarque dans le village hôtelier de Peulla, d’où on reprend la route vers 14h. Cette fois, nous roulons sur du ripio caillouteux. A 14h30, on se pose pendant une heure dans une grange pour laisser passer l’orage. On a remis nos gore-tex, ça y est, on est en Patagonie !

A la reprise, on se fait doubler par les carabinieros qui s’assurent que tout va bien et se proposent de nous soulager de quelques sacoches jusqu’à leur poste, à 10 km de là. On accepte avec grand plaisir, et on profite du coup pleinement de cette belle balade à vélo, sans trop se soucier de l’état de la piste !

Nous sommes dans une vallée encaissée entre les montagnes, tous seuls. La nature après un orage à toujours l’air de se réveiller petit à petit, les couleurs redeviennent chaleureuses, les feuilles gouttent mais reprennent de la vigeur. On se sent faire partie de cette nature.

Quand on arrive au poste des carabinieros, ils nous indiquent où poser la tente : un petit coin d’herbe avec vue sur le volcan TRONador (il est pas fait pour moi celui là ?) et une table pour pouvoir cuisiner assis, tranquillement. Le coin parfait. On se cuisine un plat de légumes, fruits secs et polenta délicieux, qu’on aura malheureusement pas le temps de finir dehors, la pluie faisant son grand retour. Dans ces moments là, on est bien contents de se trainer une tente avec une grande abside, et on finit le repas au sec ! Mieux encore, les carabiniers nous ont offerts des beignets maison qu’on s’enfile avec bonheur en buvant du thé.

Au matin, tout est encore très humide et les nuages couvrent complètement le Tronador. On repli notre tente encore mouillée… ça faisait bien longtemps que ça ne nous était pas arrivé, depuis Cusco en fait. J’ai l’impression que c’était il y a une éternité ! Le soleil fera son apparition au fil de la matinée.

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Au moment de partir, on sait que dès les premiers coups de pédale on commencera l’ascension du petit col qui nous sépare de l’Argentine. 1020 mètres, on pourrait se dire que c’est facile après avoir franchi des cols à plus de 4800 mètres ! Et bien pas du tout, surtout qu’on démarre à 300 mètres d’altitude, qu’il reste donc 720 mètres de dénivelé en 8 km, sur un ripio très variable, parfois bien tassé, et parfois composé de grosses pierres instables nous obligeant à pousser. Ce jour là, c’est Benoit qui endossera le titre de Pierre Richard de la bande ! Moi j’ai fini par capter qu’il vaut mieux descendre du vélo que de s’acharner…

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Le carabinier nous avait annoncé au moins 3h pour grimper, on en mettra 4. Ce qui nous fait une moyenne de 2 km/h (même si on n’était pas sur le vélo pendant les 4h…). Sans doute la plus faible du voyage ! Au sommet, alors qu’on entrevoit le panneau, on se fait doubler par un gros bus qui s’y arrête et fait descendre ses passagers pour qu’ils puissent se prendre en photo avec le panneau. Le contraste entre nous qui sommes transpirants et puants mais en plein bonheur de l’effort accompli et eux qui sortent nickels du bus mais sont aussi heureux que nous d’être là est savoureux !

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Ces bus sont gérés par la compagnie qui a le monopole de la traversée des lacs et propose un circuit « clés en main » pour la réaliser. Le chauffeur nous apprend que le bateau partira finalement à 13h, ce qui nous laisse le temps de descendre. La descente est aussi caillouteuse que la montée, mais beaucoup plus rapide, seulement 3 km. On arrive au poste frontière argentin qui est fermé, les agents arriveront avec le bateau qui vient nous chercher. Un guide chilien y va de son petit commentaire désagréable pour décrire la manière dont les choses vont se passer : ils vont arriver, déterminer qui passe en premier selon un critère arbitraire, puis il faudra attendre 20 min que le système se mette en route… et blablabla. Chiliens et Argentins se vouent une cordiale aversion qu’ils n’hésitent jamais à partager. Au final, les choses se passeront assez vite, le douanier argentin s’inquiétera surtout de savoir où on a passé la nuit : notre tampon de sortie du Chili date de la veille, et il est interdit de dormir en Argentine sans être préalablement passé aux douanes. Quand on lui dit qu’on a dormi chez les carabinieros il cesse son interrogatoire, mais on a bien fait, personne n’avait cru bon de nous tenir informé de cette interdiction… A son tour, notre nouvelle gousse d’ail passe la frontière illégalement ! Après déjà 3 passages de frontières entre Chili et Argentine et 2 entre Chili et Bolivie, on peut considérer que ce n’est pas un fait si rare finalement…

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Le lago Frias, que nous allons traverser est splendide. Ses eaux sont vert d’eau (je comprends enfin le concept de cette nuance de couleur), et il est encaissé au milieu de montagnes à pic.

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La traversée dure seulement 20 minutes, et nous sommes ensuite transférés en bus 3 km plus loin au bord du dernier lac de la traversée, le lago nahuel huapi. Ici, l’eau est plutôt bleu pétrole, et les falaises qui bordent l’anse de Puerto Blest nous donnent l’impression d’être dans des paysages tropicaux. C’est splendide.

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Le bateau qui doit nous conduire au bout du troisième lac, à Llao Llao, nous dépose d’abord pour une petite marche le long d’une cascade, à la rencontre des fameux Alerces, ces arbres à la croissance si lente qui peuvent atteindre les 4000 ans. On en voit un de 1500 ans tout de même. On arrive au bout de la balade devant un lac majestueux, bordé de falaises grises, qui inspire la tranquillité. Mais on est loin de la solitude et de la tranquillité que nous avons ressentie entre chacun des lacs. Cette balade est une sortie touristique prisée, nous sommes donc très nombreux. On se fait même virer du mirador par une dame professionnelle de la photographie, qui prend en photo les touristes volontaires, un par un, en vue du tirage au sort sur le bateau. On refuse de se plier à la mascarade.

On remonte à bord pour la dernière traversée. On quitte l’anse par une vallée encore étroite qui s’ouvre au fur et à mesure. Les montagnes s’écartent et on commence à prendre la mesure de l’immensité du lac Nahuel Huapi, plus grand que Buenos Aires ! Pour la petite histoire, le guide du bateau nous a raconté que l’on devait la création de ce parc national au scientifique et explorateur Francisco Moreno (dit Perito Moreno), qui aurait été payé par l’Argentine en terres pour les services rendu à la Nation, et qui, à la fin de sa vie, aurait fait don de ces terres à la nation à la seule condition que celles-ci demeurent protégées. C’est ainsi que serait né le parc national Nahuel Huapi, première réserve d’Argentine. Chapeau bas !

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San Carlos de Bariloche, vous reprendrez bien un petit peu de Suisse ?

Sur le bateau, on découvre petit à petit les paysages de Patagonie, les sommets enneigés qui font face à des montagnes plus arides, des sapins, des collines verdoyantes. Le temps est de la partie et c’est splendide. Après avoir débarqué et chargé nos vélos, on prend la route vers Bariloche pour trouver un camping. On en trouvera un, on nous avait prévenu que la zone était chère mais on ne s’attendait pas non plus à ça. Comme nous sommes arrivés tôt pour nôtre rendez-vous avec les parents de Benoit, nous employons ces quelques jours pour préparer leur arrivée, notre circuit ensemble, et faire le point sur la suite et fin de l’étape Sud-Américaine de notre voyage. C’est déjà bientôt la fin, le temps passe tellement vite ! Un petit tour dans le centre pour faire le tour des agences de location ne nous aura pas donné envie de nous y éterniser tant cette ville est tournée autour du tourisme. On n’est vraiment pas à notre aise dans ces ambiances là. Du coup, malheureusement, nous renonçons à nous laisser prendre en photo avec un Saint-Bernard sur la place de la ville, tonneau à la croix helvète autour du cou… Allez comprendre !

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On reste à 15 km de Bariloche pour profiter tranquillement du lac et de ses abords…

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Périto, notre chien de l’après-midi ! On était d’abord suivis par une meute de 8 gros chiens, des vagabonds qui trainent aux abords du camping. Super discret sur la plage ! Heureusement, seul Périto a continué la promenade avec nous, avant de retrouver ses potes au camping !

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Aujourd’hui, on attend patiemment André et Anne-Catherine dans une petite maison qu’on loue à Bariloche et, info exclusive, ça commence bien pour eux puisqu’ils sont coincés à Buenos Aires à cause d’une grève de la compagnie LAN… de quoi les exercer à leurs premières négociations en espagnol 😉

Hasta pronto !

 

ITINERAIRES ET RESUME DES ETAPES

Étapes Kilomètres Dénivelés + Dénivelés – Temps Remarques
07.01.16

Puerto Varas/bivouac plage du lac llanquihue

25.59

178

194

2h05 Ras bon asphalte
Bivouac lac llanquihue/ Petrohué 42.42

352

226

3h10 billet ferry à Petrohué 100€ les 3 lagunes
Petrohué/bivouac casa Pangue 20.35

174

56

2h16 Magnifiques paysages.ripio. ravitaillement eau carabiniers
Bivouac casa Pangue/camping petunia 24.16

683

394

3h05 Col à 1020m pente en ripio sur 8km portions fort pourcentage.
Petunia/Bariloche

15,73

139

105

55 min

 

9 réponses à “Premiers pas en Patagonie !

  1. Ouah ! !! Vous faites de plus en plus fort !! Très beau , passionnant, humain et surhumain!! Vous êtes grands !! Je me dis « Dans une autre vie, quand je serai réincarné en Benoît, je ferai pareil »
    non, sérieusement, vous ne rêvez pas, vous pouvez être fiers et en même temps quelle chance d’être embarqué dans cette aventure . J’ai refait le voyage depuis le début avec le Blog – vous étiez des petits jeunets et puis vous êtes devenus de vrais routards avec en plus l’idée de nous embarquer un peu avec vous
    encore ….
    christian

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    • Coucou Christian, merci pour la réincarnation mon égo est au top de sa forme grâce à toi!!!! Mais si j’ai un conseil à te donner ne te réincarnes surtout pas en « moi », cela implique des contreparties difficiles à gérer… Comme ça à la louche je citerai mes fautes d’orthographe fréquentes par exemple, mon goût incommensurable pour le football à la télé, ou bien (et surtout) endurer le caractère tellement simple d’Alice!!!
      En tout cas merci de nous suivre et de nous encourager.

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  2. Très bonne année à vous 2 et toute votre famille. Merci à vous pour ces très belles photos et… je vous envie
    pourquoi m’avez-vous laissé sur le cargo ?
    mais je veux des photos d’Alice
    bisous

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    • Bonne année à vous aussi !!! Pourquoi on t’a laissé sur le cargo ?
      En fait, c’est moi qui sélectionne les photos, et comme j’ai l’air d’une plouc les 3/4 du temps, je m’auto-censure ! Mais promis, la prochaine fois, j’apparaitrai ! Gros bisous

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  3. nous aussi on veut des photos d Alice, on en a vu, mais de dos, à vélo, et en fait , c est peut etre vrai qu elle est difficile à depasser! la Patagonie est vraiment belle, merci de nous avoir fait partager tous ces contrastes de valparaiso au calme des lacs , et des excursions solos a l arrivee des proches ,et des negociations touritiques sereines aux risques de bombes volcaniques. francoise et eriic.

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    • Mes chers parents, vous me connaissez bien, vous avez trouvé la réponse, je ne pédale pas je vole, je fonce, Benoit n’arrive pas à suivre le pauvre… Je vais faire des efforts pour qu’il ait le temps de me photographier un peu !

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  4. Coucou !
    Superbe photos de superbes paysages, je vous envie. Certains endroits ont juste l’air d’être bien puissant !
    Sinon pour le blog, on sent bien que vous y prenez du plaisir, mais vu le temps passé, ce n’est pas trop une contraintes ?
    Certains carbinieros ont l’air d’être vraiment sympa, mais je me demandais si certains ne se faisaient pas passer pour eux parfois, pour genre récupérer des bagages en voulant soit disant soulager des transat’ ?
    Bisous, et c’est vrai qu’en y repensant, Ben’ squatte bcp plus de photos qu’Alice, mais c’est surement du au fait qu’elle ne veut pas prêter son jouet 🙂 Photo copyright !
    Bon séjour avec les parents de Ben’ !

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    • Hola !
      C’est vrai qu’on prend plaisir à écrire le blog et à partager ce qu’on vit, même si ça prend du temps. Parfois on a un peu la « flemme » mais en même temps on le vit comme notre carnet de voyage, on sera content de le relire dans quelques temps donc on s’investit !
      Pour les carabiniers :
      1- ils ont quand même des tenues bien spécifiques, une attitude militaire aussi et surtout une voiture verte et blanche avec cellule à l’arrière bien caractéristique ! Faudrait y aller pour copier tout ça juste pour détrousser quelques cyclotouristes… Mais en Bolivie et au Perou on aurait peut être été plus méfiants, car des copies des uniformes officiels sont en vente libre dans tous les marchés de toutes les villes ! On a vu des couturières qui ne faisaient presque que ça, ça fait froid dans le dos… 🤔
      2- là en l’occurrence, on les a croisé sur une route qui ne sert à relier que deux lacs et qui fait frontière entre Chili et Argentine, qui n’est accessible qu’en bateau… Et avec une agence qui a le monopole et coûte très cher. Pas très rentable pour des voleurs de grands chemins déguisés en carabiniers. Ils se feraient toper tout de suite par les vrais ! 🤓
      3- le voyage c’est aussi apprendre à faire confiance, a mettre de côté nos peurs et nos retenues qui nous pourrissent le quotidien. On a une probabilité de se faire avoir, mais elle est plus faible dans quasiment toutes les situations que l’opportunité de se faire aider. Si on s’en tenait à nos craintes on passerait à côté de plein de rencontres et de bonnes occasions ! 😄
      On est de plus en plus sereins, tout en restant vigilants. On est bien moins stressé au final ! 👍

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