Voici enfin quelques nouvelles après plus d’1 mois de long silence ! Rassurez-vous mon fan club, Benoit ne m’a pas encore échangé contre une Argentine au maillot de bain échancré et au short ajusté de la même manière, je fais encore bel et bien parti du voyage, et vous aurez le droit à quelques photos de face pour le prouver ! C’est juste que c’est moi qui choisit les photos qui apparaissent sur le blog, et que, généralement, la tenue de voyageur à vélo n’est pas celle qui me met à mon avantage, d’où une auto-censure au profit d’un Benoit à l’aise dans tout accoutrement !
Arrivée de la team Boiteux et découverte des alentours de Bariloche
Ça commençait fort : un mail laconique reçu le 14 janvier « grève chez LAN, vol annulé, vous tenons au courant ». Merde… Mais on ne peut pas s’empêcher de rire en les imaginant au milieu du capharnaüm que doit être l’aéroport de Buenos-Aires en cas de grève, André au 6e dessous, et Anne-Catherine, Ipad à la main, dans la file d’attente, prête à dégainer son meilleur anglais ! Au final, ils se sont débrouillés comme des chefs, sans savoir parler espagnol : billets pour le lendemain, remboursement immédiat du billet perdu, taxi aller-retour jusqu’à un hôtel 4 étoiles, le tout aux frais de LAN bien entendu ! Ils ont même pris le temps de prendre sous leurs ailes deux personnes âgées paniquées… Chapeau ! Du coup, c’est finalement le 15 janvier que nous les retrouvons à l’aéroport, à l’heure, et avec l’ensemble de leurs bagages ! Une dernière barrière douanière avant la sortie de l’aéroport aura raison d’Anne-Catherine la délinquante, qui, à défaut d’avoir défié les lois argentines en nous amenant le foie-gras et le vin moelleux commandés à Noel, transporte tranquillement dans son sac deux oranges, produits frais dont l’importation est hautement prohibée ici ! Les douaniers n’ont que faire du fait qu’elles proviennent du fameux « bio » de Colmar, les voici à la poubelle, et la délinquante libérée sans caution, ouf !
Pour nous, c’est étrange de les retrouver ici. C’est un peu la rencontre de deux univers, notre vie habituelle, et cette nouvelle vie dans laquelle nous nous épanouissons depuis plusieurs mois. Pour sceller ses retrouvailles, Benoit nous organise une expédition dont il a le secret : on est sensés aller voir le coucher de soleil au sommet du Cerro Otto qui surplombe Bariloche, mais il n’est pas au clair sur le lieu de départ de la marche, sur les horaires des téléphériques qui conduisent au sommet, ni sur le bus à prendre… Résultat, il n’y a plus de téléphériques quand on arrive et juste un chemin de terre qui tire tout droit vers le sommet, sous le téléphérique. En 25 minutes, on est tous tout rouges et on a pas gravis 1/3 de la montagne, il est bientôt 20h, je sens qu’André et Anne-Catherine commencent à s’inquiéter pour la suite du programme de la semaine… Heureusement on rattrape le coup en profitant d’être hors de la ville pour prendre du petit bois, et après un consensus unanime pour faire demi-tour, on rentre à la maison pour notre premier asado ensemble, en Argentine !
Le lendemain, 16 janvier, nous prenons le bus en direction de Llao Llao où une petite rando de 3h dans un parc doit nous offrir de beaux panoramas sur les andes patagoniennes et le lac Nahuel Huapi. En chemin, on décide de faire halte au cerro Castillo, qui lui aussi offre paraît-il un point de vue superbe sur le Lac Nahuel Huapi, Bariloche et la Cordillère des Andes. Cette fois, pas d’hésitation, on prend le télésiège ! En effet, le point de vue vaut le détour. A 360°, il nous permet de découvrir « vus du ciel » tous les lacs bordés de montagnes à pic des alentours. Les montagnes sont pour certaines encore couvertes de neige.
On remonte dans le bus N°20 pour finir notre trajet, il est absolument plein, nous sommes debout, et comme d’habitude le chauffeur roule à toute vitesse ce qui vaut à André quelques sueurs froides et à moi une belle nausée ! La marche est agréable, en forêt, au milieu d’arbres gigantesques. De temps en temps, une ouverture au creux de cette dense forêt nous permet d’apprécier le lac et les montagnes qui le bordent. Le temps joue avec nous, entre grisaille, petite pluie et éclaircies.
Pour le retour, nous montons dans le fameux bus N°20, et constatons avec un couple de touristes anglais un phénomène bizarre : en fonction de la « marque » de notre carte magnétique (qu’on pré-charge dans les kiosques et qui permet de payer le bus) on ne paye pas le même prix pour la même destination ! A la montée dans le bus, on sent qu’il y a un petit conflit entre le chauffeur et quelques passagers mais on ne comprend pas très bien de quoi il s’agit, des mots s’échangent. A peine 5 min après le départ, le chauffeur agacé stoppe net devant la gendarmerie du coin et dit à une passagère « tu veux te plaindre, vas y ! ». Elle lui dit que ce n’est pas ici qu’elle ira se plaindre, il lui répond « ben moi si ! » et sort du bus. On est un peu abasourdis ! Le chauffeur revient avec le chef de la gendarmerie, qui convoque à l’extérieur la rebelle du bus qui malgré son argumentation à le droit à tout un sermon… ça me rappelle notre expérience au camping de San Pedro de Atacama, pour un oui ou pour un non, on te met devant un gendarme pour régler les problèmes les plus insignifiants ! Le chef de gendarmerie appelle ensuite la deuxième récalcitrante qui refuse de descendre et dit au chef qu’elle préfère parler devant tout le monde. Il commence à la sermonner et elle lance uns par uns ses arguments et le motif de sa colère sans se démonter, progressivement soutenue par tout le bus. Nous, les 6 touristes un peu pommés, on finit par comprendre que les locaux ont aussi constaté le prix différent pratiqué selon la carte, que ça les met très en colère, et qu’ils vont s’en plaindre à la commission nationale des transports. Comme ils ont relevé le N° du bus, ça énerve le chauffeur qui se sent accusé. Voilà pourquoi nous en sommes là ! J’ai apprécié de voir ces argentins ne pas accepter qu’on les prenne pour des pigeons et se rebeller collectivement. Est-ce que la fibre d’Ernesto Che Guevara, célèbre argentin, coule encore dans les veines de la jeune génération ?

Bariloche, entourée de montagnes
Sur la route des 7 lacs Argentins en direction de Pucon, au Chili
Dimanche 17, nous abandonnons les transports en commun pour découvrir les joies de la conduite automobile en Amérique du Sud. C’est André qui à le plaisir de s’y initier sur notre voiture de location ultra-basique. On a loué une voiture pour la semaine, pour aller découvrir la région des 7 lacs, la région de Pucon, et enfin la fameuse île de Chiloe.
Pas d’ouverture centralisée, pas de clim, des sièges en béton, un moteur de Corsa, mais elle roule, et c’est tout ce qu’on lui demande !
Nous roulons et passons de lacs en lacs. Peut-être que Ben et moi sommes devenus progressivement de gros cons blasés, mais on est un peu déçus par les paysages sur lesquels on avait lu et entendu tant de louanges. La voiture y est pour beaucoup, on passe « vite » et finalement on ne profite que des points de vue des miradors. On n’a pas trouvé de chemins pour aller marcher au-delà des miradors et mieux apprécier les paysages.
Le lendemain, nous faisons escale à San Martin de Los Andes puis à Junin de Los Andes, où nous avions envie de visiter le musée sur la communauté Mapuche, un peu de culture quand même ! Il est fermé à son heure d’ouverture, et quand on se renseigne à l’office du tourisme, on nous informe que c’est normal car les horaires ont changé, mais au nouvel horaire d’ouverture, toujours personne, pas de musée Mapuche pour nous, on se contentera des explications du guide d’Anne-Catherine ! Les Mapuche sont une communauté aborigène présente au centre de l’Argentine et du Chili, notamment dans la région des lacs. Ils ont résisté aux Incas et aux Colons, mais ont subit jusque récemment des assauts violents des autorités argentines et chiliennes tentant de les soumettre et de s’octroyer leurs terres… Pour en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mapuches

Pas de musée, heureusement nous avons le guide !
Après cette pause culturelle avortée, nous reprenons la route en direction du Chili. La route, ou plutôt la piste, puisque 15 km de ripio nous amènent jusqu’au poste de douane, où nous devrons poireauter pendant près de 3h !!! C’est pourtant l’un des plus petits poste de douane, mais justement, ce jour là, il est complètement engorgé. On passera la barrière d’entrée à 19h55 alors que la douane ferme ses barrières à 20h, ouf ! Mais du coup, nous découvrons le Chili de nuit et nous arrêtons dans le premier village rencontré sur la route où nous passerons la nuit dans une cabana.
Paysages sur la route vers la frontière :
Mardi 19 : Après avoir arpenté les rue de Pucon pour faire du change et découvrir la ville et la vue sur le volcan Villarica qui la surplombe, nous nous rendons du côté du Lac Caburga pour aller voir des cascades et finir la journée aux sources thermales, nombreuses dans le coin. Tout est absolument blindé de monde et les abords du lacs sont tous privatisés. Il faut payer une fortune pour garer la voiture. On ne peut pas se promener tranquillement, c’est assez décevant. Je ne garde pas un excellent souvenir des lieux découverts ce jour là, qui nous ont plongé dans un tourisme massif, consumériste et absurde.
Heureusement, notre cabana prise au hasard le soir de notre passage de frontière nous permet d’avoir nos quartiers dans un tout petit village bien au calme, lieu de vie de la communauté Mapuche, bien plus authentique !
Pour la fin de journée, nous ciblons les thermes les plus éloignées mais aussi les moins fréquentées, dans un cadre naturel agréable. C’est un bon moment de détente, Benoit et moi qui sommes des adeptes des bains trop trop chauds sommes aux anges ! André et Anne-Catherine ont un peu plus de mal avec les eaux à 40° mais finissent par s’y accommoder, les pauvres, tout ce qu’ils sont obligé de subir ! Nous sortons bien détendus, près à affronter les nombreuses heures de route qui nous attendent le lendemain pour atteindre Chiloe.
En route vers Chiloe !
Une autoroute interminable, une pause de midi à Frutillar, au bord du lac Llanquihe face au volcan Osorno (là où nous avions pédalé deux semaines avant, mais de l’autre côté du lac), un ferry, et nous voilà sur la fameuse île de Chiloe.
Comme nous n’aurons que deux jours complets pour la visiter, nous visons directement Castro, que nous atteignons en toute fin de journée. Déjà nous sommes tous les quatre sous le charme des petites maisons en bois colorées, des paysages vallonnés et verdoyants, qui laissent deviner l’humidité ambiante. Mais pas pour nous ! Aujourd’hui, c’est sous un grand soleil que nous découvrons l’île et sa ville principale, Castro ! Nous avons la chance de découvrir son église, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, sous un beau soleil de fin de journée qui fait ressortir ses couleurs violettes et jaunes à l’extérieur, et teinte les boiseries intérieures des couleurs chatoyantes des vitraux. Même moi qui ne suit pas une fan des églises suis sous le charme dégagé par celle-ci !
Au matin, après une pause pour observer les jolies maisons lacustres colorées les pieds dans l’eau, nous partons visiter l’île d’Achao et ses églises classées au patrimoine mondial de l’Unesco. La journée est belle et de nombreux miradors nous offrent de beaux points de vue sur la baie et la cordillère des Andes au loin. Quelle chance ce soleil, il pleut plus de 3 mètres par an ici ! Les nuage couvrent l’eau, on croirait être sur un îlot dans le ciel. Nous découvrons quelques spécialités locales : le chapalete, un petit pain de pommes de terres frites, et le chochoca, un pain enroulé sur un mat et cuit au dessus des braises. En fin de journée, mes racines Bouvet reprennent le dessus, puisque deux nouveaux « attrapes-bouvet » viennent rejoindre notre patrimoine de bêtises inutiles : des jolies boucles d’oreille en peau de saumon, et un petit mouton en laine (l’attrape poussière idéal, j’en conviens !). Benoit est affligé par cette rechute et André est très heureux d’avoir désormais à transporter dans son sac à dos un petit mouton attrape-poussière. A ma décharge, en 6 mois de voyage à vélo, j’ai du réfreindre mes tentations d’achats inutiles plus de 100 fois. Avec des visiteurs prêts à gonfler un peu leurs bagages, difficile de ne pas craquer ! Chiloe n’étant vraisemblablement pas habituée à tant de soleil, l’orage gronde en fin de journée et nous remplaçons le barbecue initialement prévu par un pollo rôti, autre spécialité sud américaine…
Pour notre deuxième journée chilote, nous mettons le cap sur le parc national, à l’ouest de l’île. Le ciel est couvert et brumeux mais il ne pleut pas. Cela nous permet d’apprécier l’ambiance mystérieuse de Chiloé. A l’entrée du Parc, après avoir payé nos 4 tickets, Anne-Catherine me fait remarquer très justement qu’elle et André auraient pu bénéficier du tarif « séniors ». N’importe quelle fille un tant soit peu stratégique aurait répondu « Ah bon, c’est vrai que vous ne faites tellement pas votre âge que je n’y avais pas du tout pensé » pour s’attirer les louanges de sa belle-mère. Et moi, bien-sûr, tout ce qui est sorti de ma bouche, c’est un truc du genre « ah bon, pas de soucis, si vous voulez qu’on aille faire reconnaître votre statut de séniors pour économiser 1€ sur la conservation du parc»… Pfff, chassez le naturel, je me désole moi-même ! Les sentiers du parc sont faciles d’accès et en cette fin de matinée nous sommes la plupart du temps seuls. Nous découvrons une végétation très dense et diversifiée sur les dunes qui conduisent au Pacific. Nous pique-niquons face à l’océan. Des lames de vagues viennent puissamment s’écraser sur l’immense plage, libre de toutes construction ou habitation. On se sent vraiment respirer à cet endroit, c’est magnifique ! Avant notre départ, des chevaux en liberté viendront marcher sur la plage, le tableau est sublime, je suis aux anges !
Nos deux derniers jours ensemble seront consacrés au retour sur Bariloche, avec encore une fois un passage de douane interminable, et à nos préparatifs respectifs de poursuite de voyage vers le Sud. Anne-Catherine et André s’envolent dès le lundi matin pour les parcs du sud de la Patagonie argentine, et nous, nous allons dans la même direction, mais en vélo, et il nous faudra un mois pour parcourir ce qu’ils prendront 2h à survoler ! Nous partageons un dernier asado géant et délicieux, au restaurant cette fois, qui nous permet d’apprécier le délice des viandes argentines. Un régal, la viande est juteuse, tendre, et gigantesque !
Ces 10 jours passés ensemble nous aurons fait du bien, physiquement grâce au repos et moralement, grâce aux retrouvailles. C’est la première fois que l’on nous rejoint pendant le voyage, et c’est pour nous une expérience d’adaptation. En 6 mois, on a pris l’habitude du fonctionnement à deux, qu’on doit changer, on a des repères ici que n’ont pas encore ceux qui nous rejoignent et on doit composer avec ce petit décalage. Mais ça fait vraiment du bien de retrouver les siens, de partager un morceau de cette expérience hors du temps qu’on a la chance de vivre. Vivement les prochaines visites !

Merci à Lolo d’avoir prêté ses appli de coloriage à Mamik qui grâce à lui ne s’ennuie plus en voiture !
Retour au vélo jusqu’aux portes de la carretera australe
Lundi matin, 7h, le réveil est un peu dur, Anne-Catherine toque à notre porte pour nous dire qu’ils vont partir. Mince, on a pas entendu notre réveil, on émerge en sursaut, la marque de l’oreiller encore imprimée sur le visage. Il faut dire que l’on n’a pas dormi beaucoup, dans cet hôtel pourtant bien au dessus de nos standards habituels. Jusqu’à 2h du matin, pendant que Benoit finissait de boucler les sacoches, je terminais notre « feuille de route » de la carretera australe, cette route mythique du sud Chili, en patagonie, qu’on s’apprête à rejoindre. Elle est connue parmi les voyageurs pour sa beauté qui n’a d’égal que sa difficulté : ripio, pentes abruptes, climat changeant, vent fort… Elle peut dans la même journée être un paradis autant qu’un cauchemar et les points de ravitaillement ne sont pas toujours assurés. Avant de se lancer sur les routes, on essaye toujours d’avoir les grandes lignes de ce qui nous attend pour le prochain « tronçon » d’itinéraire, pour gérer les ravitaillements, la durée des étapes, les pauses etc. C’est d’autant plus important cette fois qu’on a rendez-vous avec notre ami Charley fin février à El Chalten et qu’on ne voudrait pas trop le faire attendre.
Pour que tout le monde puisse suivre, Charley, c’est :
◦celui qui a roulé avec nous le premier jour de Saint-Nazaire à Redon, sur un vélo décathlon datant de 1993 sans freins et qui couignait comme un petit chien appeuré (le vélo),
◦celui qui commente tous les articles sans exception, mais parfois deux mois après leur parution,
◦celui qui est reconnu à travers tout Saint-Nazaire pour son rôle majeur de spectateur d’un concours équestre passant à la télé dans un film à l’eau de rose de Dupontel,
◦celui qui porte des leggins en public et adore ça
◦celui qui a la barbe rousse quand il la laisse pousser sans ressentir de honte particulière
◦celui dont le portrait est reproduit en mosaïque dans le métro new-yorkais.
-celui qui est passé à la télévision américaine, sur une chaine inconnue, le 01er janvier 2014 vers 5h, en direct de Times Square devant 3 téléspectateurs (plus intéressés certainement par l’inconnue défilant en toile de fond avec des ballons accrochés à sa ceinture…).
Mais revenons à nos moutons.
Vers 2h du matin tout est terminé, quand je me rends compte que mon oreiller de voyage manque à l’appel. Cataclysme, ambiance de fin du monde, je suis au 6e dessous. Mon oreiller, c’est l’élément clé de mon bonheur en bivouac, mais aussi dans les bus, et mêmes dans les hospedaje où je le préfère souvent à celui proposé. C’est mon croissant du matin, c’est mon rayon de soleil un jour de pluie, mon poêle à bois un soir d’hiver… Je commence déjà à imaginer ce que seront mes bivouacs sans lui sur la carretra australe et je sombre dans la dépression la plus profonde. Benoit profite de ce moment de perdition pour me glisser sournoisement que nos deux gourdes manquent aussi à l’appel, mais je n’en ai que faire, je me projette une nouvelle vie sans oreiller. Donc à 7h, nous avons dormi grosso modo 4 petites heures, et on a vraiment la tête dans le c… pour dire au-revoir sur le péron de l’hôtel à Anne-Catherine et André qui filent prendre leur avion. Encore en pyjama, je profite du fait qu’on soit sortis pour aller demander dans notre hôtel de la veille si par hasard ils n’ont pas mon oreiller. Miracle, il est là, les retrouvailles sont passionnelles ! Par contre, s’agissant des gourdes, un client de l’hôtel nous dit les avoir vu posées dehors toute la journée la veille, mais évidemment, au petit matin, elles ne sont plus là… Du coup, heureux d’avoir retrouvé mon précieux mais dégoutés d’avoir bêtement perdu les gourdes, on se recouche pour attendre 10h l’ouverture des magasins et en acheter de nouvelles. Finalement, le temps de trouver, de sortir nos affaires, de partir, le tout en étant toujours pas réveillés, il est plus de 13h quand on démarre ! A peine 3 tours de pédale et la chaine de Benoit lâche. Loi des séries, journée pourrie, on écourtera notre étape du jour de pas moins de 30 km pour se poser 30 km au Sud de Bariloche, au bord d’un superbe lac.
Si vous en avez marre des qualificatifs « superbe » « magnifique » « somptueux », passez votre chemin. Les jours qui vont suivre ne nous évoquent que ce type de description, je comprends que ça puisse être lassant.
Grâce à une belle descente de 30 km jusqu’à El Bolson, on rattrapera dès le lendemain notre méforme de la veille. El Bolson, est sensée être une ville de Hippies. Nous n’en avons point vu, à peine des pick-up et des voitures un peu plus vieillots que ceux croisés jusqu’avant, une épicerie bio, mais je ne pense pas qu’on identifie la culture hippie à l’allure des voitures et aux produits des épiceries… Donc cela restera un mystère pour nous. Mais en tout cas, cette « caractéristique » que nous n’avons pas vérifiée a le mérite d’attirer grand nombre de touristes, nous croisons plus de backpappers à El Bolson qu’à Bariloche !
En milieu de journée, nous faisons étape pour manger dans un bar resto qui nous autorise, comme souvent, à consommer nos propres sandwiches si on commande des boissons. Vu qu’on a fait le plein de bon pain, bon fromage et jambon fumé artisanal, , on est tout heureux de manger nos sandwiches ! Heureux hasard, le serveur est un voyageur à vélo qui revient d’un long périple et nous donne plein de conseils pour la carretera australe et appelle pour nous le parc Los Alerces pour s’assurer qu’on puisse le traverser à vélo malgré les incendies ! Bien sympa ! La montée est longue mais plus nous avançons, plus nous entrons dans des larges vallées de patagonie, dans une nature foisonnante et riche de contrastes. Comme en plus on roule tard, on profite des lumières et contrastes de fin de journée, en étant pratiquement seuls sur la route. On se sent vraiment bien et on avance bien.
Parc national Los Alerces, échauffement parfait pour la caressera australe
On arrive dans le parc de los Alerces, que nous prévoyons de traverser en deux jours. L’entrée est payante et il y a 6 niveaux de tarifs : pour les étrangers, pour les résidants d’amérique du Sud, pour les argentins, pour les gens de la région, pour les séniors, les chômeurs, et les personnes handicapées, et enfin pour les étudiants. Le prix varie en rapport de 1 à 4 entre ces différentes catégories ! Je suis d’accord pour payer un peu plus en tant que touriste étranger (parce qu’après tout les locaux financent déjà le parc avec leurs impôts), mais là, c’est du vol ! Surtout que le niveau de service est égal à 0 : tout est privé au sein du parc, donc il faut payer en sus pour une aire de camping avec accès à l’eau chaude ou la traversée en bateau qui permet de découvrir les fameux Alerces. Les trois nunuches de l’accueil du parc sont incapables de nous indiquer les prix des services et de nous donner des informations sur le parc, et le centre d’interprétation de la nature est fermé. Donc on cible la zone où le bivouac est autorisé sans payer appelé « playa del frances », pas par chauvinisme heureusement, mais parce que c’est la zone la plus proche de nous, bien qu’à plus de 30 km et un petit col plus loin. On a déjà 20 km de ripio pas très bon dans les jambes et il fait une chaleur étouffante. Les accès aux lacs ne sont pas nombreux mais quand on en a l’occasion on se trempe pour faire baisser notre température corporelle ! On atteint la playa del Frances à la tombée de la nuit, rincés. Mais le bivouac est superbe, en bord de lac. On y fait notre petite toilette, on y cuisine, c’est vraiment ça vivre d’amour et d’eau fraiche.
On reprend la route assez tôt pour une fois le lendemain pour continuer à longer les lacs jusqu’à la sortie du parc. Un renard gris viendra à notre rencontre, petit pas par petit pas, au détour d’un virage. Il est vraiment curieux, c’est finalement une voiture qui le fera fuir alors qu’il était arrivé à la hauteur du vélo de Benoit !
En milieu de journée, on arrive à la sortie du parc, et on est désolés de constater que les jolies nuances de noir qu’on apercevait au loin sur les montagnes ne sont pas des roches mais en fait les conséquences d’un énorme incendie déclenché par un pyromane une semaine avant. Les hélicoptères tournent toujours pour éteindre des foyers un peu partout sur la montagne. C’est désolant.

Des milliers d’hectares partis en fumée
Comme souvent, quand on arrive à vélo, les gens sont très sympathiques avec nous. Le gardien du parc du poste de sortie ne dérogera pas à la règle en nous proposant de déposer les vélos à l’ombre et de les surveiller pendant que nous allons nous rafraichir dans une rivière glacée qui coule en contrebas et dont il nous invite à boire l’eau. L’asphalte est revenue, mais il nous reste 30km de route jusqu’à Trevelin, et on a une grosse grosse flemme… Du coup, on essaye de faire passer le temps comme on peut, on chante, et dans les descentes, on regarde jusqu’où on peut pédaler sans s’arrêter… distrayant. C’est ça aussi parfois le voyage à vélo, faire passer le temps et se forcer à avancer. En arrivant sur Trevelin, on croise un voyageur à vélo qui à l’air d’en être à son 35eme tour du monde tellement sa barbe est longue et son vélo poussiéreux. Il remonte de la carretera australe et nous met surtout en garde par rapport au ripio que l’on rencontrera le lendemain, avant la frontière avec le Chili. C’est déjà le 3e qu’on croise qui nous dit la même chose. Chouette, on est ultra-motivés ! Du coup, on s’achète une demie tarte au citron meringuée, dont on gardera une portion pour se donner de l’énergie au matin.
Vers Futaleufu, retour au Chili !
Le propriétaire du camping et des habitants avec qui nous avons échangé en ville avant de partir nous ont tous conseillé de prendre un petit détour par le village d’Aldea Escolar, qui nous fait gagner 9 km sur de l’asphalte et en économiser tout autant sur le fameux ripio pourri. On ne se fait pas prier pour suivre leurs conseils. En chemin, on tombe sur un rodeo traditionnel. C’est chouette de pouvoir assister à évènement comme ça. Les gars se lancent sur de toutes petites vaches qui ont tout de même été bien agacées et bien stressées en coulisses. 20/20 pour le dépaysement, 0/20 pour le respect de l’animal.
Après le petit village d’Aldea Escolar, on prend un petit chemin de ripio dans un état moyen a dégradé pour arriver sur la fameuse route internationale qui nous mènera à la frontière. Et en effet, on ne nous avait pas mentis, c’est affreux ! Plusieurs épaisseurs de gros cailloux par endroit, on ne sait même pas comment rouler… Et la chaleur est accablante. On avance tout en tentant de faire du stop mais les voitures ne sont pas légion ici, celles qui peuvent nous prendre encore moins. Finalement, c’est après deux heures et 14 km de cette galère qu’un automobiliste nous prendra en pitié et nous conduira 7 km plus loin à la frontière, alors que lui n’allait pas jusque là normalement. On le remercie mille fois, surtout qu’il nous a pris en stop juste avant une belle montée ! Nouveau passage de frontière, c’est la 5e fois qu’on rentre au Chili, et la 8e fois que notre gousse d’ail passe illégalement dans un pays ! Elle est maintenant impropre à la consommation, on la garde juste pour qu’elle puisse battre son propre record ! On a eu chaud pour nos cacahuètes, qui avaient été repérées, mais en jouant la stupéfaction, c’est passé !
Un panneau nous accueille avec de grandes promesses : Futaleufu, région dessinée par Dieu ! Dieu himself ! Soit, mais si on s’en tient aux textes et qu’on est croyant, rien d’extraordinaire, tout a été dessiné par Dieu, même Saint-Nazaire (ahahaha, c’est pas beau de taper sur l’ambulance, je sais). En arrivant, on s’est quand même dit que Dieu avait sans doute beaucoup de talent, mais que l’urbanisme et l’architecture n’étaient pas ses matières de prédilection : Futaleufu est mignon, mais sans plus. On dirait un village ayant connu une période faste aujourd’hui révolue. Faut dire, à sa décharge, que ce n’est pas l’endroit du globe le plus accessible : coincé entre une frontière à laquelle on accède par un ripio dégueu, et une route de près de 140 km de ripio variant de moyen à mauvais du côté chilien. Peu mieux faire. Mais les alentours sont très jolis. On se pose pour un jour de repos dans l’hospedaje le moins cher de la ville. Et on paye fort cet excès de radinisme : la chambre n’a pas de fenêtre, à peine une ouverture qui donne sur la salle de bain/WC familiale, qui sert aussi de salle de bain/WC partagé à tout l’hôtel. Et cette ouverture porte bien son nom, puisqu’il s’agit d’une plaque de plexiglas mais qui ne court pas jusqu’en haut de l’ouverture, caché par un horrible rideau en plastique… ça nous rappelle la Bolivie, c’est merveilleux ! Malgré cela, cette journée de repos nous fera le plus grand bien et nous verra frais et dispo repartir le 1er février en direction de la carretera australe… Mais ça, ce sera l’objet d’un prochain article ! Ce qui vous attend : des baignades en eaux turquoises, des bivouacs de rêve, des rencontres et des retrouvailles, un jour à la ferme, des montagnes russes, une journée de squat, des vestes pas étanches, du transport multimodal, du ripio, du chocolat, de la bonne humeur et surtout des paysages à couper le souffle !
Hasta pronto !
Extra ! la découverte de ce qui ressemble a une sorte « norvege à l’envers » pour nous les eurocentrés restés chez eux commencera des ce soir avec nous deux bien attentifs à vos récits toujours souriants et attirants
eric
J’aimeJ’aime
J’ai la carte sous les yeux et vous suit tour de roue après tour de roue… Nous allons dans le coin en novembre/décembre prochains (mais en laissant nos vélos à Toulouse, faut pas déconner…). Notre itinéraire n’est pas fait, alors on emmagasine vos infos (gaffe, elles ont intérêt à être justes!!!).
Avons bien aimé aussi votre première partie de voyage (Pérou, Bolivie,
Atacama…) où nous avions zoné il y a quelques années…
En tout cas votre périple est super. Continuez à prendre votre pied!
Bises.
Jean-Philippe.
J’aimeJ’aime
Bonjour il nous tardait tant d avoir de vos nouvelles ! Tout le récit est passionnant les photos superbes bisous de nous 4
J’aimeJ’aime
Des chevaux sauvages, des retrouvailles familiales, vivre d’amour et d’eau fraiche, de nouveaux paysages magnifiques, une tarte aux citrons meringuée, une gousse d’ail délinquante… quel plaisir de vous lire et de partager vos petits bonheurs quotidiens 🙂 Bises
J’aimeJ’aime
Il à l’air fantastique ce Charley !
Ben’ aurait du s’essayer au rodéo, de mémoire il maîtrise pas mal 🙂
Et il a du kiffer d’être avec ces parents à l’autres bout du monde et de partager un morceau de votre périple avec eux, tout le monde n’a pas cette chance.
Bon sur ce, je file me coucher, demain je m’envole vers vous !
Bisous
J’aimeJ’aime
n oubliez pas les pages facebook pour suivre la route avec alice et benoit. l admirateur masqué.
J’aimeJ’aime